La saison 2 de Neil Druckmann sont revenus sur les décisions narratives qui ont marqué cet épisode et ont expliqué leur vision de l’adaptation. ATTENTION SPOILERS !
Avec plus de 37 millions d’exemplaires vendus, la saga The Last of Us est l’un des piliers de la PlayStation. L’adaptation télévisée du premier opus, confiée à Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann, créateur du jeu, avait suscité d’énormes craintes parmi les fans. Cependant, la première saison avait su trouver un équilibre entre fidélité à l’œuvre originale et liberté créative, pour un résultat qui avait largement conquis le public, et qui s’était hissé parmi les meilleures productions HBO Max.
La deuxième saison, plus sombre et complexe, s’attaquait logiquement à Dès le premier épisode de cette saison 2, Mazin et Druckmann avaient pris un énorme risque, quitte à se mettre à dos les fans. Un crédo sur lequel sont restés les showrunners, jusqu’au dernier épisode. Celui-ci, intitulé «Convergence», a encore pris ses distances par rapport au matériel de base et a laissé les spectateurs sur un cliffhanger. Mazin et Druckmann ont récemment expliqué les raisons de ces choix.
You’re The First, The Last of Us, My Everything
Au cours d’une longue interview accordée à The Hollywood Reporter, Craig Mazin et Neil Druckmann ont déclaré qu’ils ont étudié toutes les options possibles avant de se résoudre à terminer la saison 2 de The Last of Us sur un cliffhanger. La série avait déjà surpris le public en adoptant le point de vue d’Abby dès le début de cette nouvelle saison, et il ne s’agissait pas de clore l’épisode 7 sur un cliffhanger de façon mécanique, mais bien parce que la narration et l’ADN de la série l’exigeaient.
« On a tout envisagé. Peut-être qu’on devrait simplement entrelacer les histoires d’Ellie et Abby ? Je me souviens d’avoir dit : “Est-ce que ce changement de perspective ne fait pas partie de l’ADN même de cette histoire ?” C’est vraiment ce qui la définit. Mais ça implique aussi qu’on doit prendre des risques en tant que série télé, et HBO nous soutient là-dedans.»

Avec un matériel de départ aussi complexe, qui bouscule les joueurs et brouille les pistes morales, une adaptation télévisuelle semblait être une mission impossible. Craig Mazin a même déclaré que les codes des séries télé n’étaient juste pas faits pour accueillir une œuvre comme The Last of Us. Et ce défi semble l’avoir motivé d’autant plus.
« Je ne pense pas que la télévision doive fonctionner comme ça. On est clairement en train de briser pas mal de règles, et j’adore ça. J’adore ça parce que c’est précisément notre but. Ce n’est pas un simple gimmick. Le cœur de cette histoire – qu’on peut analyser sous tous les angles – c’est que le concept même de protagoniste est bancal. Le concept de méchant l’est tout autant. Notre façon de percevoir le monde en termes de héros et de méchants est une erreur.
Ça finit par ériger des barrières entre les gens qui n’ont pas lieu d’être. Ça nous donne des justifications et des excuses pour de mauvais comportements, et ça nous pousse à juger les autres de façon expéditive, sans vraiment comprendre leurs motivations. On sait que c’est un défi émotionnel pour les spectateurs. On comprend que ça va les bousculer. Mais c’est justement une partie de l’histoire : se demander pourquoi on est si à l’aise à suivre un seul point de vue tout le temps. »

De quoi je me MEL
L’un des choix les plus discutés de la série a été l’introduction précoce du personnage d’Abby, interprétée par Kaitlyn Dever. Dans le jeu, son histoire est révélée plus tard, mais la série a choisi de la présenter dès le début de cette saison pour établir une connexion empathique avec le public. Et cette empathie (ou pas d’ailleurs), rend la mort de Joel (Pedro Pascal) d’autant plus forte émotionnellement.
Dans le final de la saison 2 de The Last of Us, la série s’écarte de nouveau du jeu vidéo en intensifiant la tragédie entourant la mort de Mel. Alors qu’Ellie poursuit sa quête de vengeance contre Abby, elle tue accidentellement Mel, une femme enceinte, lors d’une confrontation tendue. Mourante, Mel demande à Ellie de mettre son enfant au monde pour le sauver, chose à laquelle Ellie ne peut se résoudre.

Dans le jeu vidéo, cette scène est bien plus sombre. Globalement, la scène qui mène à la mort de Mel et Owen reste identique. Owen est abattu alors qu’il essaie de désarmer Ellie, mais le changement réside dans la réaction de Mel : elle attaque Ellie avec un couteau, la poussant à riposter pour survivre.
Le duel est brutal et Mel manque de prendre le dessus. Le joueur doit alors appuyer frénétiquement sur la touche carré pour éviter la mort. Finalement, Ellie parvient à retourner la situation et poignarde Mel à la gorge, la tuant sur le coup. C’est seulement à ce moment qu’Owen, dans un dernier souffle, révèle à Ellie que Mel était enceinte.
Si cette révélation choque profondément Ellie, le joueur la connaissait déjà depuis le début du jeu, car Owen l’avait confiée à Abby lors de leur arrivée à Jackson, avant le meurtre de Joel.

Petite différence de gabarit
Les showrunners ont dû repenser cette séquence aussi à cause de la différence de physique entre Bella Ramsey et la Ellie du jeu vidéo, alors qu’elle devait affronter Owen.
« Dans le jeu, Ellie affronte Owen (Spencer Lord), puis Mel, et ce n’est qu’après la mort de Mel que son manteau s’ouvre et qu’Ellie réalise qu’elle est enceinte. Mais ici, Ellie n’est pas vraiment capable de tuer Owen – tu regardes Bella et tu regardes Spencer Lord, il mesure 1m93 et est vraiment imposant.
Un combat physique n’allait pas bien se terminer, et de toute façon, elle n’est pas là pour les tuer. Elle veut juste tuer Abby. Je me souviens avoir dit à Neil que, même si cette scène était déjà dérangeante dans le jeu, je pense qu’on pouvait la rendre encore plus dérangeante, sans pour autant devenir des bourreaux. »

Dans un cas comme dans l’autre, la mort de Mel souligne les conséquences dévastatrices des choix d’Ellie et montre à quel point elle est plus que jamais enfoncée dans une spirale de violence sans fin. Craig Mazin et Neil Druckmann, ont délibérément accentué l’impact émotionnel de cette scène pour explorer les effets de la vengeance sur leurs personnages.
La saison 2 se termine sur un cliffhanger intense. Abby surprend Ellie et ses compagnons, tuant Jesse et tenant Ellie en joue. La scène se coupe sur un coup de feu, laissant le sort des personnages en suspens. Celles et ceux qui ont joué à The Last Of Us 2 savent que le parcours d’Ellie est loin d’être terminé. Ce qu’a confirmé Craig Mazin.
« Tout ce que je peux dire, c’est qu’on n’a pas encore vu la dernière apparition de Kaitlyn Dever, ni de Bella Ramsey, ni d’Isabela Merced, et même de pas mal de gens qui sont censés être morts dans l’histoire. »
La saison 2 de The Last of Us est disponible en intégralité sur HBO Max. Pour le moment, la saison 3 de la série n’a pas de date de diffusion.
« L’un des choix les plus discutés de la série a été l’introduction précoce du personnage d’Abby. La série a choisi de la présenter dès le début de cette saison pour établir une connexion empathique. Et cette empathie rend la mort de Joel d’autant plus forte émotionnellement. »
Je ne pourrais pas être plus en désaccord avec ça. Bien au contraire, le fait de savoir pourquoi Abby fait ça annihile complètement l’effet DU point levier de tout ce qui s’en suit; où le joueur est à la fois surpris, horrifié et ne comprend absolument pas pourquoi cela arrive. Le fait que le joueur soit face à un tel acte de violence sans en connaître la source, était primordial…parce que ça le met -> exactement<- dans la peau d’Ellie. Quand Ellie part pour assouvir sa vengeance, les joueurs sont à fond avec elle. Ils ressentent la même chose, la même haine…et c’est le cœur de l’expérience du propos du jeu. Le jeu ne remet pas en perspective uniquement le personnage d’Ellie, mais également ce que le spectateur/joueur à lui-même ressenti.
Pour moi, il ne fait pas le moindre doute que si la série a introduit l’histoire d’Abby plus tôt, c’est parce qu’elle n’assumait pas un choix aussi radical, rebutant pour une partie de l’audience, comme une partie des joueurs a rejeté ce parti-pris du jeu.
En même temps, ils vont pas dire 24h après, qu’ils sont pas très heureux de leurs choix, non ? On verra le regard qu’ils portent sur la série d’ici quelques années.
Pas de mal de choses tout à fait débattables dans ces propos. Notamment sur le fait qu’il semble dire qu’une histoire comme The Last Of Us n’est pas fait pour la TV, de part les questions morales qu’il traite. Il n’a pas regardé la TV depuis quand le Monsieur ?
D’ailleurs dans ce registre de la chute morale du prota, Walter White ça lui parle? Et Heisenberg va bien plus loin dans l’immoralité qu’Ellie ne le fera.
Le vrai sujet est plutôt donc ce qu’autorise la production, et les veto qu’elle pose pour des questions de rétention de l’audience. Bien sûr, TLoU fait des choix risqués. La mort de Joel. Une probable saison consacré à l’antagoniste (à confirmer s’ils le feront, et les conséquences sur les audiences)…mais vu que tout ça vient de l’œuvre adaptée, il était tout aussi risqué de ne pas reprendre ces éléments primordiaux. Reste que la série est une version plus soft du jeu sur pas mal de points. Et moins subtile également. Qu’est-ce que ça surligne en gars pour être sûr que le public comprenne!
Le gros problème est la: « tu regardes Bella et tu regardes Spencer Lord, il mesure 1m93 et est vraiment imposant » Cette question il aurait peut être fallu se la poser plus tôt, dés le casting de Bella en saison 1. La conséquence de cet aveux d’échec, Ellie subit TOUT. On ne crois pas à sa revanche, elle tue les gens par accident ou ils meurent infectés ou elle se fait secourir dés qu’elle tombe sur deux zombies.
Sinon pour revenir à l’épisode, en une scène de seulement 30 secondes, le charisme et la rage de Kaitlyn Dever nous explose à la gueule. En 16 épisode Bella (qui est ceci dit très bonne pour jouer l’émotion) n’a jamais dégagé ça.