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Test Kingdom Come Deliverance 2 : un jeu difficile à aimer… sauf si on va jusqu’au bout

Par Léo Martin
19 février 2025
MAJ : 20 février 2025

Certains jeux sont des coups de foudre immédiats et ils vous happent dès les premières minutes. Ce ne fut pas le cas pour Kingdom Come: Deliverance 2 qui, pour des raisons de sensibilités propres à l’auteur de ces lignes, a été plus éprouvant à parcourir, notamment à ses débuts. Malgré tout le potentiel du titre de Warhorse studio, notre premier avec la nouvelle odyssée d’Henri de Skalice fut mitigée : introduction laborieuse, mécaniques frustrantes, sentiment d’impuissance face à un parti pris réaliste pas toujours très honnête… Pourtant, force est de constater que la persévérance a payé. Au fil des heures, ce qui s’annonçait  d’abord comme une amère déception s’est transformé en une aventure plaisante, généreuse et mémorable. Warhorse Studios s’est déé afin de nous offrir un Kingdom Come Deliverance 2 ambitieux et épique. Tout n’est pas parfait, certes, mais le cœur y est.

Faux départ ?

En 2018, Kingdom Come: Deliverance était déjà un projet remarquable, mais en dent de scie. Si certains avaient été assez conquis par la proposition originale de Warhorse (une quête médiévale en pleine Bohême du XVe siècle et qui tranchait enfin avec les standards de l’heroic fantasy) d’autres sont restés plus indifférents. Ce fut malheureusement le cas de l’auteur de ce test qui, bien qu’enthousiaste, n’avait pas été charmé à l’époque, ni par le scénario du jeu (qui manquait d’un je-ne-sais-quoi) ni par son gameplay, lourdaud et archaïque.

Notre découverte de KCD2 s’est donc faite avec un intérêt sincère, mais teinté d’appréhension il faut bien le dire. Et les premières heures dans la peau d’Henri de Skalice ne dissipèrent aucunement nos inquiétudes. Loin de là. La faute tout d’abord au retour de nombreuses reliques du premier jeu, dont le studio ne semble pas avoir voulu se séparer et qui apparaissent pourtant comme des boulets. Nommons les coupables : un système de combat pénible (surtout face à des groupes), infiltration aux fraises, mini-jeux mal fichus et trop difficiles ainsi qu’une mécanique de sauvegarde inutilement compliquée.

« Le voilà… le test arrive… »

Pour ne pas être dans le reproche gratuit et lapidaire, reprenons quelques-uns de ces points. En particulier le plus notable : le gameplay du combat. S’il est vrai que celui-ci sort du lot (sa seule qualité), il semble invraisemblable que dans un jeu où les affrontements sont si fréquents et cruciaux, ceux-là sont si peu agréables et aussi tristes à regarder. La mécanique de verrouillage est handicapante, les enchaînements de coups sont répétitifs et ennuyeux, tandis que le fameux réalisme des duels s’effondre lamentablement dès qu’un type à mains nues et sans armure parvient à résister à 5 assauts d’épée sans flancher.

Nous sommes près de 13 ans après la sortie du premier Chivalry, dont les mêlées médiévales en vue FPS étaient addictives et aussi exigeantes qu’équilibrées. Plus récemment, en 2024, le jeu indépendant Mortal Sin (conçu par un unique développeur !) réinvente brillamment ce type de combat de chevalier en permettant au joueur d’enchaîner parades, coups de pied, démembrements, avec brutalité et complexité. Tout ça en étant terriblement jouissif. Comment, pour son deuxième jeu, Warhorse n’arrive pas à faire moitié aussi bien ? C’est un mystère… pour nous en tout cas.

Plus jamais je ne touche à une épée

Réalisme à double tranchant

En dehors des combats, plusieurs autres mécaniques font donc grincer des dents. Le crochetage est affreusement dur (d’autant qu’il est obligatoire de le maîtriser pour récompenser nos explorations), les IA sont parfois aveugles et parfois démiurges, tandis que certains accidents de parcours nous forceront à perdre des heures de mésaventures, car il était impossible de sauvegarder manuellement. Inutile de dire que la somme de tous ses problèmes aura pesé dans la balance pendant notre découverte du jeu. Et ce fut un peu décourageant.

D’autant plus que tous les défauts que l’on vient d’évoquer sont assez condensés dans ses premières heures. On démarre l’histoire dans la galère totale, sans ressources, ni alliés, ni repères (tout jeune diplômé pourra s’identifier), donc c’est forcément la partie la plus rude. La question de la survie se pose aussi très vite : il faut manger, dormir, soigner ses blessures, gérer l’usure de son équipement… Ainsi la problématique du réalisme du jeu apparaît comme incontournable à ce niveau. Et là, on aime ou on déteste.

Truand de la galère

On ne va pas s’éterniser sur la fameuse question du réalisme dans le jeu vidéo mais disons, en bref, que l’avis de l’auteur de ses lignes est le suivant : si ce réalisme nuit à l’amusement du joueur, c’est un problème. C’était l’un des majeurs défauts de Starfield, entre autres, et l’une des causes pour lesquelles on ne l’a pas fini. Bien heureusement pour KCD2, on ne l’aura pas jugé trop vite sur la base de ses similitudes avec les titres récents de Bethesda ou sur son début compliqué. On a courageusement persévéré et… on a bien eu raison !

Ce n’était pas arrivé depuis Red Dead Redemption 2 pour l’auteur de ce test, mais entre le commencement du jeu et sa conclusion, notre avis a drastiquement basculé. Ça ne retire rien à tous les défauts listés précédemment, mais force est de constater que, sur le long terme, KCD2 s’impose bel et bien comme un titre épique très entraînant. Une fois un peu plus avancé dans le jeu, on s’adapte à son rythme, son exigence et son game design. Et peu à peu, ses problèmes majeurs deviennent un brin plus tolérables, tant le souffle de l’aventure l’emporte sur le reste.

« Mécréant ! »

fortuna juvat audaces

Cette bascule, on le doit beaucoup au fait que KCD2 devient bien moins difficile une fois qu’on a un peu augmenté ses compétences et trouvé le style de gameplay qui nous convient le mieux. Mais c’est surtout la progressive révélation de tous les atouts du jeu, au long de l’aventure, qui en fait briller l’aura. Il y a d’abord le monde ouvert qui est (c’est assez rare pour le noter) franchement réussi. On aime s’y perdre sans avoir à être guidé par des points d’intérêt ou autre chose du genre. C’est une immense qualité pour ce genre d’aventure très libre.

On devient alors peu à peu un flâneur, parcourant la Bohême et ses modestes villages. Tout y semble cohérent, organique et, à force, l’immersion fonctionne du tonnerre. Puis on apprend à se spécialiser pour faire de notre Henri un chevalier honorable, un brigand sans scrupules, un diplomate rusé ou un alchimiste érudit, selon nos préférences. Dans notre cas, on s’est très vite résolu à assassiner des gens dans leur sommeil et à cambrioler leurs maisons. C’est pas très catholique, certes, mais à ce stade on était prêt à tout pour éviter de nouveaux combats.

Le mariage est un bon exemple d’une écriture réussie, tant on s’amuse à simplement interagir avec les PNJ

Si l’intrigue principale est dans la continuité du premier volet, elle nous a semblé plus divertissante et riche en rebondissements. Rien qui n’égale les plus grands titres d’aventure de ces dernières années, mais ça se suit sans déplaisir. Au-delà de la trame centrale, c’est surtout les quêtes secondaires qui achèveront de faire de Kingdom Come Deliverance 2 un petit bijou au niveau de son écriture. C’est là sans doute la plus surprenante et belle qualité du jeu : son quest design aussi inspiré que généreux.

On y sent clairement une influence des titres de Rockstar ou CD Projekt dans la mise en scène de ce contenu secondaire, qui se révèle souvent plus captivant que la quête principale. On y retrouvera ainsi les habituels dilemmes moraux, choix cornéliens, développements drôles ou tragiques (ou les deux)… C’est dans ces moments de grâce – parfois inattendus – que le jeu dévoile son intelligence, mais aussi son cœur.

Au départ, on ne pensait toujours pas s’attacher à Henri de Skalice pour ce deuxième volet et pourtant nous voilà… Maintenant que tout est dit, le jeune chevalier nous manque déjà un peu. Et ce, en dépit de toutes les difficultés de notre périple.

Kingdom Come Deliverance 2 est disponible depuis le 4 février 2025 sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series.

Rédacteurs :
Résumé

Kingdom Come: Deliverance 2 demande de l’investissement, de la patience et une certaine tolérance face à ses maladresses. Mais pour ceux qui sauront dompter son univers et ses mécaniques punitives, la récompense sera en fin de compte à la hauteur. Pour les audacieux, ce voyage vaudra bien son prix. 

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cedric2
cedric2
il y a 3 mois

Le combat s’avere assez simple à maitriser par rapport au premier. Il est surtout plus juste car dans le premier c’était un peu bancale.
Apres quelques heures de jeu difficile de perdre un combat en 1 contre 1, jusqu’a 3 adversaire meme lourdement armé les enemies n’ont aucune chances.

J’ai 30h de jeu et je suis toujours au debut par contre, tellement de choses à faire dans ce jeu, et tellement agréable à jouer que je prend mon temps, j’ai pas envie que ça se finisse trop vite. Je ressens les meme émotions que quand je découvrais Morrowind à l’epoque.

cidjay
cidjay
il y a 3 mois

Merci pour le test. je vais en rester au premier qui avait grosso modo les mêmes défauts et n’a pas suffit à me donner suffisamment envie de continuer l’aventure.

Funfact : dans le résumé : on peut aussi remplacer le titre du jeu par n’importe quel jeu de chez FromSoftware.