L’eSport devient de plus en plus lucratif, mais comment expliquer une telle rentabilité ?
Personne n’aurait parié là-dessus dans les années 80, mais le fait est qu’aujourd’hui, l’industrie vidéoludique pèse plus lourd que celle du cinéma et de la musique. En 2024, la sphère du jeu vidéo a généré 187,7 milliards de dollars, répartis comme suit : 43,2 milliards pour les jeux sur PC, 51,9 milliards pour les jeux sur consoles, et 92,6 milliards de dollars pour les jeux mobiles. Et parallèlement à cette folle croissance qui se poursuit d’année en année, l’eSport aussi prend de plus en plus d’ampleur.
L’eSport, autrefois vu comme un simple hobby pour geeks, est en train de se transformer en un mastodonte financier. D’ici 2028, les actions du secteur pourraient atteindre la somme vertigineuse de 3,48 milliards de dollars (soit 3,22 milliards d’euros). Dans cet univers où les pixels valent de l’or, on s’est demandé qui alimente cette croissance fulgurante.

Boom, quand notre cœur de JV fait Boom
Cela pourrait peut-être er pour une évidence : c’est grâce à la forte progression des parts de marché du jeu vidéo que l’eSport prend de l’ampleur. Avec une progression annuelle de 46 % entre 2020 et 2022, les dix plus grosses entreprises du secteur (NetEase, TenCent, Electronic Arts, Take 2…) pèsent désormais 3,2 milliards d’euros. D’après les données de Game Sales Data, ce sont 188 millions de jeux qui ont été vendus sur l’année 2024.
À cela s’ajoute le fait que l’accès à Internet haut débit (la fibre, la 5G) s’est démocratisé, et que les performances des consoles et de PC gaming ne cessent de s’améliorer. Ce faisant, l’audience et le nombre de joueurs augmentent sans cesse. Plus de 600 millions de spectateurs suivent les compétitions d’eSport. Une audience massive, dominée par la Chine, qui propulse l’eSport au rang de colosse du divertissement. La conséquence directe de cet état de fait est simple : ce secteur attire de plus en plus l’œil des investisseurs, des sponsors et des partenaires commerciaux.

L’eSport gagne ses lettres de noblesse
Ce n’est plus qu’une question de gaming ou de petit loisir réservé à des nerds : l’eSport est officiellement reconnu par des institutions sportives et des gouvernements. Certaines plateformes de jeux au Canada ou en proposent des milliers de jeux, destinés à divertir leurs abonnés. Le Comité des Jeux Olympiques a même un département dédié aux jeux vidéo et aux compétitions eSport. En , l’État a même donné un coup de pouce en abaissant la TVA sur les billets d’événements eSport de 20 % à 5,5 % dès 2024. De quoi doper un secteur déjà en pleine expansion.
La sphère eSport est elle-même très diversifiée et propose une offre très large, où chaque joueur-spectateur saura trouver son bonheur :
● les FPS : Counter Strike : G.O., Valorant, Apex Legends…
● les TPS : Destiny 2, Marvel Rivals, Warframe…
● les jeux en arène de combat (MOBA) : League of Legends, DOTA 2…
● la stratégie en temps réel (RTS) : Starcraft II, Age of empires…
● les jeux de combat : Street Fighter, Mortal Kombat, Dragon Ball FighterZ…
● les simulations sportives : FIFA, NBA 2K, Madden NFL…
● sans oublier la scène compétitive sur mobile, avec des titres comme PUBG Mobile ou Clash Royale qui ont une énorme fanbase.
Avec 1,7 milliard d’euros de revenus en 2023 et des prévisions à 8,9 milliards pour 2030, l’eSport est devenu une manne financière. Sponsoring, publicité et droits de diffusion sont les moteurs de cette croissance, chacun pesant environ 20 % des recettes.

Twitch, YouTube et le pouvoir du streaming
Sans Twitch et YouTube, l’eSport n’aurait jamais connu une telle montée en puissance. Ces plateformes ont permis de transformer les compétitions en événements mondiaux suivis par des millions de spectateurs en simultané. Twitch, en particulier, s’est imposé comme le leader du streaming gaming, hébergeant des tournois mythiques et des joueurs stars qui captivent une communauté engagée, dont les membres n’hésitent pas à allonger quelques petits pourboires en bonne et due forme pour encourager leurs streamers ou eSportif favori. De quoi continuer à alimenter l’économie de l’eSport par ricochet.
Les annonceurs ne s’y trompent pas : ils injectent des millions dans ces plateformes pour cibler une audience jeune, ultra-connectée et prête à s’investir financièrement auprès de leurs créateurs de contenus favoris. Les streamers eux-mêmes sont devenus de véritables ambassadeurs, capables de fédérer des millions de fans et d’influencer leurs choix de consommation. L’eSport et le streaming forment aujourd’hui un duo inséparable, et construisent de façon concomitante le futur du divertissement numérique.

Le matériel gaming, autre moteur du boom
Mais pour s’immerger pleinement dans l’expérience eSport, il faut du matériel à la hauteur. Si les PlayStation 5 et Xbox Series X|S sont des références incontournables pour beaucoup de joueurs en ligne, les PC gaming demeurent le choix du roi, grâce à des performances techniques qui peuvent largement excéder celles des consoles de salon, afin d’offrir une fluidité de jeu optimale. Les joueurs investissent donc massivement dans du matériel de pointe : cartes graphiques surpuissantes, claviers mécaniques ultra-réactifs et écrans à taux de rafraîchissement élevé.
Par conséquent, l’impact de l’eSport sur l’industrie du hardware est colossal. Les fabricants de composants voient leurs ventes exploser, portées par une demande toujours croissante de performances accrues. Les grands constructeurs n’hésitent pas à sponsoriser des compétitions et à collaborer avec des équipes pour développer des produits spécifiquement adaptés aux besoins des joueurs professionnels.

D’ici 2028, les actions de l’eSport devraient atteindre la somme colossale de 3,22 milliards d’euros. L’eSport ne sera plus un simple phénomène de mode, mais une industrie incontournable au même titre que le cinéma ou le sport traditionnel. Entre la montée en puissance des jeux vidéo, la reconnaissance officielle du secteur et l’essor du streaming, tous les indicateurs sont au vert pour une croissance exponentielle.
Et les investisseurs le savent déjà : l’eSport est une mine d’or en pleine expansion, et ceux qui misent dessus aujourd’hui récolteront les fruits de ce boom demain.