Et si le film de Joel Schumacher n’avait pas été apprécié à sa juste valeur ?
En 2014, lors d’une interview avec Variety, Joel Schumacher était interrogé à propos de la controverse autour des tétons sur le Batcostume dans Batman Forever et déclarait alors que c’est comme ça qu’on se souviendrait de lui. Même si sa réponse était sans doute teintée d’ironie et d’auto-dérision, il n’avait malheureusement pas complètement tort.
À sa disparition le 22 juin dernier, 25 ans après la sortie de Batman Forever et en dépit d’une filmographie de plus d’une vingtaine de longs-métrages, dont Christopher Nolan.
Batman Forever serait certainement considéré comme le pire film autour du Chevalier Noir s’il n’y avait pas eu Batman & Robin pour rafler ce titre sans conteste deux ans plus tard. Pourtant, au-delà d’avoir laissé une trace indélébile dans les mémoires ainsi que dans l’histoire de Batman au cinéma, le film de Joel Schumacher n’est pas une adaptation si horrible que ça, quand on sait à quoi s’attendre.
Quand je suis content, je vomis
LE CHEVALIER PLUS SI NOIR
Après Batman, le défi.
Si elle n’a pas fait un bide au box-office (266 millions de recettes à l’international pour 80 millions de budget, hors inflation et frais marketing) et qu’on la considère même comme un de nos dix meilleurs films de super-héros, cette suite n’atteint cependant pas les résultats escomptés (145 millions de différence avec les 411 millions de recettes de Batman, hors inflation et frais marketing), certaines critiques lui reprochant un ton trop sombre. Les parents ayant amené leurs enfants voir leur héros préféré ne s’attendaient pas vraiment à ce qu’il fricote ouvertement avec Catwoman ou que Le Pingouin dévore le nez d’un type pour le plaisir. La campagne de McDonalds pour promouvoir le film dans les Happy Meals est d’ailleurs purement stoppée au bout d’une semaine après le déferlement de lettres de parents indignés dans la presse appelant au boycott.
Après ce contrecoup, Warner Bros. prend note et se met d’accord avec Tim Burton pour qu’il cède sa place à la réalisation et laisse son nom parmi les producteurs pour le troisième film, prévu pour être beaucoup plus léger que les deux précédents, puisque destiné à un jeune public. Parmi tous les candidats, le studio jette son dévolu sur Joel Schumacher, cinéaste considéré comme un bon faiseur, qui s’était déjà illustré dans différents genres avec plusieurs longs-métrages, de la comédie d’action de Le Client.
Au lieu de s’inspirer des récentes publications comme The Dark Knight Returns de Batman : l’alliance des héros. Plutôt que de le cacher sous le tapis, le réalisateur décide de retourner à cet héritage burlesque que tout le monde essayait si ardemment d’oublier, en revenant à ce qu’était Batman à sa création : un héros de comics pour enfants.
Le Gotham monotone et inquiétant à l’architecture Art déco qu’avait imaginé comme l’a confié Schumacher plus tard.
Warner Bros. réclamait un Batman allégé, McDonald’s demandait une immense publicité et les fans voulaient un film de super-héros. Et malgré tout, même contraint par un cahier des charges qu’il devait absolument remplir, c’est exactement ce que Joel Schumacher leur a donné.
Batman qui vérifie sa commande
LA GRANDE RÉCRÉ
Batman Forever est différent, mais le film ne cache pas ses intentions et les dévoile dès les premières images. Batman enfile sa tenue, la Batmobile apparaît dans un halo de lumière, puis Alfred demande à Batman s’il veut un sandwich pour la route et le héros lui répond qu’il s’arrêtera au drive. De la pub pour McDonald’s à la présentation des différents jouets sur lesquels les enfants doivent se ruer, tout est réuni en quelques secondes dans cette séquence d’ouverture déconcertante, qui n’est que la première d’une longue série.
Double-Face braque ensuite une banque en attachant le coffre à un hélicoptère dans lequel se déverse de l’acide bouillant, l’Homme-Mystère devient un magnat de l’industrie et absorbe l’intelligence des habitants de Gotham à travers une boîte, puis la Batmobile escalade un immeuble avec un grappin et Dick Grayson fait du nunchaku pour étendre son linge… Vous qui venez chercher cohérence et sérieux, vous êtes gentiment priés de er votre chemin.
Ici, on est là pour voir le gentil Batman et son nouveau copain Robin arrêter les vilains méchants dans la joie et la bonne humeur, avec des néons flashy, des cascades au ralenti et un mépris total pour la logique ou le bon goût. Batman Forever est bâti comme le divertissement grand public qu’il est supposé être, bourré de scènes d’action grandiloquentes sans être violent, avec quelques allusions sexuelles sans être vulgaire et une superbe musique d’Danny Elfman, si ce n’est plus.
Jim Carrey concentre à lui seul toute cette atmosphère cartoonesque. Méchant sans être inquiétant, charmant sans être attachant, il se déchaîne à chacune de ses apparitions et fait ce qu’il sait faire de mieux, occupant tout l’espace avec ses grimaces, sa gestuelle et ce talent comique dont il avait déjà fait la démonstration dans Dumb & Dumber. Les énigmes qu’il laisse mettent l’intelligence et les talents de détective de Bruce Wayne à l’épreuve pour la première fois au cinéma et sont présentées de manière ludique, invitant également les spectateurs à s’impliquer, se prêter au jeu et se glisser dans la peau du personnage pour essayer d’y répondre.
Avec son Homme-Mystère sous amphétamines, dont il a hérité à la place de Jack Nicholson.
S’il est déjà apparu dans le film dérivé de la série des années 60, le Robin de Batman Forever, lui, est considéré par beaucoup comme la première vraie incarnation du compagnon de Batman au cinéma, avec ce Dick Grayson rebelle et casse-cou, qui porte une boucle d’oreille, fait de la moto, défie l’autorité de Bruce et vole la Batmobile.
En s’inspirant de Batman : Année Trois de Pat Hingle) et parvient à retranscrire la fougue de ce jeune héros auquel les enfants ont pu s’identifier, contribuant encore un peu plus à l’aspect familial du film.
Campée par une Nicole Kidman qui tente de faire au mieux avec ce qu’elle a (c’est-à-dire pas grand-chose), le Dr Chase Meridian est, elle aussi, imaginée comme un personnage de comics. Hypra-sexualisée, obsédée par Batman en même temps qu’elle tombe amoureuse de Bruce Wayne, elle n’existe que pour apporter une certaine tension sexuelle et essayer de coucher avec l’un ou l’autre avant de finalement remplir le rôle de la demoiselle en détresse que Batman vient bravement sauver en même temps que son petit protégé.
Et à côté de ce Jim Carrey survolté ou d’une Nicole Kidman inutile, mais envoûtante, le Bruce Wayne de Val Kilmer n’est rien d’autre que barbant. L’acteur ne manque pas de charisme et s’avère même être un Batman assez convaincant une fois dans le costume, mais son personnage trop sérieux dénote avec le reste. Pourtant, le film essaie de lui amener de la profondeur, en s’intéressant d’abord à lui plutôt qu’aux méchants, contrairement aux films de Burton.
BATMAN REBIRTH
Batman Forever est le premier film à se pencher sur la personnalité de Bruce Wayne et son combat en tant que Batman, que ce soit à travers Chase Meridian, qui souhaite mettre le héros à nu (dans tous les sens du terme), ou par les quelques flashbacks qui montrent son enfance, la mort de ses parents ou leur enterrement.
Quand on lui a proposé un film autour de Batman, Schumacher préférait réaliser un prequel plutôt qu’une suite, avec un scénario beaucoup plus sombre racontant les origines du Chevalier Noir, inspiré de Batman : Année Un de une scène supprimée au montage dans laquelle il découvrait que ses parents l’avaient emmené voir Zorro le soir de leur mort parce qu’il avait insisté et se retrouvait ensuite face à une chauve-souris géante, symbole de son alter ego et de cette peur à laquelle il a toujours refusé de se confronter.
La version que l’on ne verra jamais
Sous son apparence de film bon enfant, Batman Forever possède également tout un sous-texte homoérotique, aussi bien dans son esthétique queer que dans l’obsession d’Edward Nygma pour Bruce Wayne ou dans les rapports entre Batman et Robin. Une relation qui a toujours été ambiguë, déjà dans les comics, et qui a conduit le Dr Fredric Wertham, un psychiatre considéré à l’époque comme un spécialiste dans la psychologie de l’enfant, à publier Seduction of the Innocent en 1954. À l’intérieur, il affirme que la relation entre Batman et Robin représente « un rêve de deux homosexuels vivant ensemble » et que leurs histoires « pouvaient stimuler les enfants aux fantasmes homosexuels ».
Un ouvrage heureusement controversé depuis, mais qui a largement influencé les éditeurs et les politiques pour fonder la Comic Code Authority, une organisation qui décidait si une publication respectait les « bonnes mœurs » ou non.
Joel Schumacher a repris cette idée autour de la relation entre Batman et Robin et a choisi de l’amener plus loin. Dans Batman Forever, les deux personnages se tournent autour constamment, se confrontent, s’apprivoisent et apprennent à vivre et combattre ensemble, avec Dick allant jusqu’à déclarer à Bruce qu’il n’a pas besoin d’un ami, mais d’un partenaire.
Un sous-entendu renforcé par le fait que Robin soit plus vieux et donc plus proche de Batman que dans les comics et qui sera encore plus poussé dans Batman & Robin lorsque Poison Ivy essaiera de s’immiscer entre les deux héros, dont les costumes représentent un corps idéalisé, digne des statues grecques, avec des muscles saillants et les tristement célèbres tétons apparents.
Batman Forever a été un énorme carton, déant Batman, le défi au box-office aussi bien à domicile qu’à l’international, avec respectivement 184 millions et 336 millions de dollars de recette (hors inflation et frais marketing), ce qui a encouragé Warner Bros. à aussitôt produire une suite : Batman & Robin. Le reste appartient ensuite à l’histoire.
Ce nouvel opus a été une catastrophe aussi bien critique que commerciale et le Chevalier Noir a disparu des écrans pendant des années, Warner Bros. refusant plusieurs projets comme Wachowski jusqu’à ce que Christopher Nolan parvienne à les convaincre de faire Batman Begins.
Rangez les crosses de hockey et les cigares de Mr. Freeze, la fête est finie
Que ce soit dans les décors, les dialogues, les chorégraphies ou le scénario, Joel Schumacher a pensé son film comme un comic book qu’on porterait à l’écran, en appréhendant Batman d’une autre manière, dans ce qu’on appellera plus tard un soft reboot.
Batman Forever n’est certainement pas le film auquel tout le monde s’attendait, mais il n’en reste pas moins une adaptation légitime de Batman qui a rendu le héros accessible aux enfants, a sauvé l’avenir du Chevalier Noir au cinéma (avant de le tuer), en inspirant plus tard d’autres films de super-héros, comme Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn. Même s’il est loin d’être parfait et qu’il ne peut décemment pas être considéré comme un grand film, il ne mérite pas la réputation qui lui colle à la peau à cause de Batman & Robin, bat-tétons ou pas.
Certainement le film Batman le plus mauvais pour moi . Oui plus mauvais encore que Batman & Robin !
Pourquoi ? Parce que c’était un film qui ne s’assume , qui jongle entre sérieux et ton décalé .
Val Kilmer n’est pas incroyable en Bruce Wayne , Nicole Kidman joue une nymphomane, Tommy Lee Jones est en constante roue libre ( un comble quand on sait qu’il déteste Jim Carrey et sa « bouffonnerie ». Robin est une tête à claques , bref seul Carrey tire son épingle du jeu pour l’un de ses plus mauvais rôle .
Batman & Robin a beau être un mauvais film , il est cohérent du début à la fin .
Bref non Batman Forever ne sera pas réhabilité.
La question est vite repondue…
Bon je lui ai donné une deuxième chance et … ben en fait non.
Quand ça veut pas, ça veut pas.
Val Kilmer est beau gosse mais bcq trop léger et ne dégage rien.
Tommy lee Jones est horripilant faisant effectivement une sorte de joker bis raté sûr jouant à tout va mais ne dégageant rien non plus.
Nicole Kidman est très hot, je ne m’en souvenais pas mais son personnage qui fait du rentre dedans à tout va n’est pas très intéressant.
Chris O Donnell ne s’en sort pas trop mal.
Jim Carrey tire son épingle du jeu effectivement, en vo bien mieux qu’en vf dans mon souvenir.
Pour le reste c’est une sorte de happening costumé dans un Gotham night club en carton pate de seconde zone. La musique est pas mal du tout par contre. Le seul tout petit intérêt tourne autour de l’histoire de Greyson, le drame de sa famille et son envie de vengeance, et les pitreries du grand Jim. Mais je n’ai pas tenu jusqu à la fin car plus ça va plus ça devient ennuyeux.
Vraiment aucun intérêt, ce film n’apporte rien de rien, il n’est même pas divertissant.
A oublier de nouveau.
@bishop
Mdr j’allais poster la même chose, puis je me suis dis que je vais encore m acharner
Il manque à la panoplie de Batman, le bat-whistle lol.
Ah au fait !
Pour les ionnés…
Y a le Dune de Jodorowsky en replay sur ARTE !
Je sais que certains d’entre vous cherchent à le voir ou revoir.
Je vais mettre ce post dans plusieurs articles de EL…
Je m’en excuse auprès de la redac’ mais c’est un « événement » je pense…
@+
Bref…
Par contre que l’affiche est moche. Ca ne correspond pas du tout à l’ambiance visuel.
Rah je crois qu’il faut que je le revois avant de me re faire la trilogie de Nolan, puisque j’ai revu les 2 Burton il y a peu.
Tous ces néons, ça fait très club disco-techno-house et ça me manque un peu. Lol.
A l’époque je n’aimais pas encore Jim Carey, maintenant je l’adore et son genie comic me manque. Et puis je ne l’ai jamais vu en VO.
Mais si je trouve ce film pas si mal, vais-je devoir résister à revoir Batman et Robin pour finir ?
Houla, je prend un risque là.
ce film est sauvé ( si on peut dire ça) par Jim Carrey
Vu lors de sa sortie en salles il y a plus de 20 ans maintenant, j’avais adoré ce film qui collait bien à son époque, les années 90 et les couleurs fluo présentées partout. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à le revoir. Malgré tout, Je le considère comme film culte et j’ai le DVD dans ma collection.