0 
0 commentaire 
Le retour des jedi
Avec la raréfaction des éditions physiques au profit de la VOD et du streaming, les making of exhaustifs deviennent une espèce menacée, remplacée par de piètres rassemblements de featurettes marketing remplies de langue de bois. Rien que pour ça, Light & Magic fait un bien fou, et recompose avec pédagogie et sincérité les nombreuses évolutions et innovations d’ILM. Les créateurs de la série (à commencer par son nouveau réalisateur Joe Johnston) sont directement connectés à l’histoire du studio, et approchent leur narration avec des étoiles plein les yeux.
Pour autant, ils n’esquivent pas non plus les questions qui fâchent (ou du moins certaines). Alors que la saison 1 s’était concentrée sur la création de l’entreprise et son travail révolutionnaire sur la trilogie originale Star Wars, cette saison 2 débute après le succès de L’Attaque des clones y tiennent une place centrale, le premier ayant bouleversé la création de personnages en images de synthèse (le fameux Jar Jar Binks) et le second ayant été l’un des premiers films tournés avec des caméras numériques.
Light & Magic montre ainsi, avec moult archives à l’appui, le laboratoire que Lucas a tiré de la prélogie, incitant à la résolution toujours plus rapide de problèmes de production. Cette course folle et fascinante marche sur un fil en permanence, peu aidée par l’apathie légendaire du réalisateur et le comportement de gros bourrin de son producteur Rick McCallum (présenté comme un gangster peu enclin aux concessions).
C’est au fond ce qu’il y a de magique dans la série : il est clair que certains films ne se seraient pas faits sans ILM (Twister, En pleine tempête), contraint parfois en quelques mois d’inventer de nouveaux logiciels pour repenser les simulations de particules, d’eau, ou les doublures numériques. Sur ce point, le montage de Joe Johnston met les mains dans le cambouis, et laisse ses intervenants (Dennis Muren, Rob Coleman, John Knoll…) détailler les défis de chaque projet.
Pirates du crunch
Mais au fil de son récit foisonnant, il y a un vide qui se fait ressentir dans Light & Magic : celui du temps de plus en plus restreint alloué aux effets visuels. Les interviewés parlent régulièrement de nuits blanches et des timings serrés de certaines productions, sans jamais remettre en cause un modèle aujourd’hui en bout de course. On s’amuse lorsque Pirates des Caraïbes) revient sur la création complexe de Davy Jones et du maelström du troisième volet, sauf que le temps de post-production de la trilogie, réduit à peau de chagrin, n’est jamais vraiment évoqué.
Ça n’empêche pas les anecdotes de f avec panache, et au final, Joe Johnston dépeint tout de même avec émotion une page qui s’est tournée après les années 2000. La fin de la prélogie a entraîné la vente du département maquettes du studio, avant sa fermeture définitive en 2023, qui conclut le dernier épisode avec une pointe d’amertume.
Cette rapidité des mutations de l’industrie est traitée avec un certain fatalisme et un sens de la compétitivité très entrepreneurial, sans pour autant en oublier les gens derrière. On s’étonne même que la saison donne autant de place à Ahmed Best, l’interprète de Jar Jar Binks, qui revient sur la réception catastrophique du personnage, et même sur sa tentative de suicide. C’est l’éternelle et touchante leçon de la série : pour obtenir les prouesses de ces amas de pixels fantasmatiques, il y a toujours besoin d’êtres humains.
La saison 2 de Light & Magic est disponible sur Disney+ depuis le 18 avril 2025.
