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Test Doom : The Dark Ages – petite déception après le grandiose Doom Eternal ?

Par Mathieu Jaborska
24 mai 2025

Rebootée avec la saga Doom est encore de retour en 2025. La barre était si haut qu’id Software a dû emprunter une autre échelle avec Doom : The Dark Ages, officiellement un prequel dans la nouvelle chronologie. Le studio n’a pas atteint les mêmes sommets, mais il garde facilement son titre de roi du turbo-fast-FPS. Disponible depuis le 15 mai 2025.

© Bethesda

Eat, slay, repeat.

Le DLC en deux parties The Ancient Gods constituait en fait, selon le réalisateur Hugo Martin, le dernier volet de la trilogie entamée par le jeu de 2016. Doom : The Dark Ages constitue donc non seulement un prequel sur plan narratif, mais aussi une opportunité de modifier un peu la formule. Qu’on se rassure toutefois : le jeu est très, très similaire aux deux précédents opus, qui étaient parvenus à réactualiser la pureté ludique du titre ayant révolutionné le FPS dans les années 1990.

La nouvelle temporalité ? À peine un prétexte pour se vautrer plus largement encore dans l’imaginaire décomplexé du genre et invoquer tous les dieux du « cool » instantané. La science-fiction médiévale laisse place au moyen-âge de science-fiction et laisse entrer dans cet univers chaotique des dragons biomécaniques et autres mécha, plus inspirés de Pacific Rim que de Gundam.

Doom : The Dark Ages
Mais à quoi peuvent-ils bien faire référence ?

Bien évidemment, la direction artistique est à la hauteur de cette ambition de melting pot pop-satanique, enchainant les visions dignes des meilleures pochettes de metal et citant quasiment dans le texte la mythologie lovecraftienne. Graphiquement, la différence avec Eternal ne saute pas aux yeux, mais qui s’en préoccupe vraiment ?

C’est au moment de les incorporer au gameplay que le bat blesse. De toute évidence, la possibilité de tabasser du démon XXL à coups de poing mécaniques, écrabouillant au age chars d’assaut et ponts, relève du fantasme. Mais comme souvent avec ces phases de gameplay alternatives, on regrette vite la nervosité et l’inventivité des sections plus classiques. Le constat est plus sévère encore concernant le dragon : les développeurs ont beau avoir tenté d’intégrer la mécanique de parade à la formule, ces rares envolées sont franchement ratées.

Doom : The Dark Ages
Note de style : 10/10. Note de vol : 3/10

Le « retour aux sources » du game design ? Une simple variation bienvenue, qui s’inspire finalement autant du classique original que des jeux d’action contemporains, ouvrant leurs zones aux joueurs. Reste que les ionnés de chez id Software auraient très bien pu copier-coller la recette parfaite d’Eternal et qu’ils ont préféré parier sur d’autres mécaniques. Exit donc la verticalité et les numéros de trapéziste du précédent : le slayer doit désormais trancher face aux vagues d’ennemis à perte de vue.

Doom : The Dark Ages
[Insérer thème de Ramin Djawadi]

Agent of Shield

C’est évidemment pour ça qu’on joue à Doom : pour tailler dans le lard et le démon à coup de super-shotgun. Bien que plusieurs embuscades sont à prévoir, les ennemis sont donc ici parfois plus dispersés, ce qui change un peu l’organisation… et l’arsenal du slayer. C’était l’argument principal : le bougre a désormais à sa disposition un bouclier, qu’il peut balancer et rappeler, soulignant encore un peu plus à quel point la hache de God of War a marqué l’industrie du blockbuster vidéoludique.

Évidemment, l’utilisation qu’il en fait est très différente. L’arme revient vers vous… Mais vous pouvez surtout revenir vers l’arme. Ce principe, enseigné très tôt, pallie l’agrandissement des cartes en envoyant le joueur valdinguer de grosse bestiole en grosse bestiole. Mais c’est surtout lorsqu’il est combiné au système de parade que les affrontements deviennent épiques. Quasi perpétuellement, les monstres envoient rayons et balles violettes qui, parés au bon moment, se retournent contre leur envoyeur, et plus encore.

Doom : The Dark Ages
Le flingue au design le plus cool de la saga ?

Indispensable au gameplay, faisant également la part belle au corps à corps, la mécanique transforme quasiment The Dark Ages en bullet hell light, voire en jeu de rythme. Le sentiment d’urgence permanent qui faisait déjà le génie des bastons version id Software provient surtout ici de cette redistribution permanente des coups de l’ennemi, qui peut tréer par dizaines quand les améliorations d’équipement commencent à s’accumuler.

Impossible de faire la fine bouche : les bastons de Doom (soit 90 % du temps de jeu) sont toujours aussi intenses et jouissives, malgré un bestiaire qui aurait pu plus se diversifier proportionnellement à l’ouverture des décors. À première vue, un seul rouage manque vraiment à la machine infernale : la difficulté, qui était plutôt relevée dans Eternal, et carrément élevée dans ses DLC. Sauf qu’une fois le niveau de difficulté sélectionné, The Dark Ages ouvre une fenêtre présentant toutes les variations possibles, permettant au joueur de composer son expérience à la carte.

Doom : The Dark Ages
Le tout au son d’une BO recopiant sagement les sonorités de Mick Gordon

Un niveau d’accessibilité qui devrait faire figure de modèle pour tous les jeux de style arcade, où les développeurs jonglent de toute manière avec les mêmes paramètres. Pour les joueurs avec une expérience dans le FPS, on conseille de sauter le mode Fais-Moi Mal pour débuter directement en Ultra-violence ou tout du moins de revoir le paramètre le plus essentiel : la fenêtre de parade. Pour les autres, c’est l’occasion de découvrir cette saga revenant à chaque épisode aux sources du plaisir vidéoludique pur, par delà l’escalade graphique et les guerres de chapelles.

Doom : The Dark Ages est disponible sur PC, Playstation 5 et X-Box series.

Doom : The Dark Ages
Rédacteurs :
Résumé

Malgré quelques gimmicks maladroits, Doom parvient à changer son bazooka d’épaule sans compromettre l’intensité incomparable de ses combats/massacres.

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