Apple perd 1 MILLIARD de dollars par an à cause du streaming : c’est quoi ce bordel ?

Qui peut se permettre de claquer un milliard de dollars pour gratter quelques Emmy Awards ? Apple bien sûr, dont le service de SVoD est un véritable gouffre financier.

Depuis l’explosion de Netflix dans les années 2010, énormément de studios se sont lancés dans l’aventure du streaming, ainsi que moult autres distributeurs, entrepreneurs et bien entendu mastodontes de la tech. Bien que le modèle soit très vite devenu un standard de « consommation », cette ruée vers l’or numérique n’en a pas vraiment été une. La bataille de la bande ante a fait quelques victimes (voire le crash spectaculaire de Quibi, raconté dans la vidéo ci-dessous) et beaucoup de compétiteurs ont choisi d’occuper le terrain au détriment de leur profit.

Disney+, lancé en grande pompe en 2019 et régulièrement approvisionné en superproductions Star Wars et Marvel, a dû attendre mai 2024 pour pouvoir déclarer un semestre rentable, malgré plus de 150 millions d’abonnés. La stratégie est évidemment bien connue des GAFAM, qui n’hésitent pas à s’appuyer sur leur véritable empire financier et symbolique pour rester dans la course… et continuer de dominer à tout prix le marché du divertissement. En 2022, Bloomberg soulignait les sommes astronomiques avancées par Amazon pour son service Prime Video.

Mais rien ne bat Apple, qui se saigne pour préserver le prestige d’Apple TV+.

I think the Apple’s rotten right to the core

C’est un article de The Information, repris par IndieWire, qui révèle ces données hallucinantes : malgré ses 45 millions d’abonnés, Apple TV+ perdrait 1 milliard de dollars par an ! Des chiffres que le géant de la tech et des accessoires hors de prix gardait secrets depuis son lancement en 2019. En effet, la plateforme fait officiellement partie de la section « Apple Services », aux côtés de Apple Music, Apple Fitness, Apple News+, Apple Arcade, Apple Books, Apple Gourou et iCloud (trouvez l’intrus).

Mais rassurez-vous : le colosse a les pieds solides. Ces trois derniers mois, il déclarait 124,3 milliards de dollars de recettes, dont 26,3 milliards grâce aux « Apple Services ». Sur l’année, ceux-ci rapportent à eux seuls 96 milliards de dollars à la firme. Alors un milliard de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ? Ça met au crédit de la société des programmes aussi populaires que prestigieux, comme Ted Lasso, Foundation, CODA (Oscar du meilleur film) ou Severance (qui a braqué à peu près toutes les cérémonies de récompenses en 2024 et 2025).

Bien que monstrueuses, ces pertes sont peu étonnantes pour qui suit le box-office de près. Régulièrement, on s’est interrogé sur les choix à première vue inconscients de la section production du groupe. Des exemples en vrac : Argylle, dont certains médias américains disaient qu’il avait été acquis pour 200, voire 250 millions de dollars, ou encore To the Moon et son budget de 100 millions.

Vous savez ce que ça fait, un milliard ?

La boite de Steve Jobs a tout de même décidé d’agir. Après le flop de ces deux derniers films, elle a calmé le jeu sur les sorties salles, en revoyant par exemple les ambitions du Wolfs de Jon Watts à la baisse. Toujours selon The Information, le budget global annuel était de 5 milliards de dollars et il vient d’être réduit à 4,5 milliards de dollars. C’est toujours plus que le produit intérieur brut de la Sierra Leone, mais bien moins que celui de Netflix, qui a grimpé jusqu’à 18 milliards en 2025 et devrait encore augmenter selon le directeur financier Spencer Neumann.

Le modèle économique de la plateforme peut sembler opaque, mais son état est probablement à nuancer. En s’offrant des réalisateurs prestigieux et des acteurs populaires, la firme étend son emprise sur le marché du divertissement et cultive son image de marque haut de gamme. La preuve avec F1 en collaboration avec Warner, en salles le 25 juin. De plus, l’abonnement Apple TV+ vient aussi renforcer l’attractivité de son activité principale : un essai gratuit vient avec l’achat de ses téléphones.

De la même manière qu’il est difficile de mesurer l’impact réel des abonnements Prime Video, ceux-ci se fondant directement dans l’écosystème de services Amazon. Si les GAFAM investissent autant dans le cinéma, ce n’est pas pour la beauté de l’art, mais pour assoir leur pouvoir jusqu’aux domaines artistiques. Et la SVoD leur a offert un très bon outil pour le faire.