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Fountain of Youth : critique du Uncharted moisi d’Apple TV+

Par Geoffrey Crété
26 mai 2025
MAJ : 27 mai 2025

Que se e t-il quand Fountain of Youth, où un frère et une sœur aventuriers partent sur les traces de la vie éternelle. Que vaut cette superproduction, disponible depuis le 23 mai ? Notre critique, avec de très légers spoilers.

© Apple TV+

UNCHARTIÈDE

Qu’est-ce qui pouvait mal se er en filant 180 millions de dollars au réalisateur de Sherlock Holmes, Le Roi Arthur : La légende d’Excalibur et Aladdin, pour qu’il emballe un ersatz d’Uncharted ? Beaucoup de choses, surtout avec le scénario de James Vanderbilt (Scream 5 et 6, White House Down, The Amazing Spider-Man 2) qui n’y va pas de main morte pour ressembler à une copie des copies de copie.

En pleine démonstration de conformisme, John Krasinski ressort ainsi sa panoplie de héros viril de Michael Bay (le film 13 Hours) et Tom Clancy (la série Jack Ryan) pour incarner Luke Purdue, fils d’un chasseur de trésor disparu qui pourrait tout aussi bien s’appeler Nathan Drake vu comme ce fringant trompe-la-mort enchaîne les blagues avec son sourire Colgate. Et quand il ne saccage pas un centre ville thaïlandais en mobylette, il pille un musée à Londres, une bibliothèque en Autriche, une épave de bateau ou encore une pyramide égyptienne.

Ajoutez à ça Natalie Portman en petite sœur aventurière contrariée, Eiza González en sbire badass du Vatican (avec une apparition de Stanley Tucci dans le Conclave-verse des soutanes), Domhnall Gleeson en milliardaire louche, un môme beaucoup trop intelligent et un flic beaucoup trop bête, et vous avez un pudding qui mixe les ingrédients les plus faciles d’Indiana Jones et La Momie. Pour finalement ressembler à Indiana Jones 4 et La Momie 3.

RIQUIQUI RITCHIE

Une scène illustre merveilleusement bien le problème de Fountain of Youth, infoutu d’utiliser l’arsenal de talents et de moyens à disposition. En quête d’un indice dans cette intrigue bricolée de conneries plus ou moins digestes, comme dans tout bon film d’aventures, le frère et la sœur partent explorer les restes d’un paquebot oublié. Lequel va venir à eux pour leur éviter de faire trempette, grâce à un système de très grosses bouées magiques qui font remonter l’épave à la surface.

L’idée est aussi ridicule que réjouissante. Le duo d’aventuriers débarque dans ce décor fantasmé de film d’aventures, avec tous les avantages de l’imaginaire aquatique (c’est rouillé, c’est mystérieux, c’est magique) et d’un tournage au sec (les acteurs restent bien coiffés, peuvent se parler et se tirer dessus). Guy Ritchie avait de l’or entre les mains pour emballer une séquence folle avec cette espèce de Hollandais volant « réaliste ». Mais l’affaire est pliée en quelques minutes, après une exploration et une fusillade tellement plates que la construction de ce décor en dur pour le tournage devient aberrante.

Fountain of Youth
Allez on rejoue à Uncharted 3

Jusqu’au bout, Fountain of Youth alimentera cette frustration en choisissant la facilité et les sorties de secours express. Pour filmer des courses-poursuites urbaines qui ressemblent aux courses-poursuites des 3/4 des blockbusters, Guy Ritchie est là. Même chose pour les fusillades en pilotage automatique. Mais dès qu’il s’agit de réellement explorer le territoire de l’aventure, le film est nettement plus frileux.

À l’extérieur de la pyramide se joue un sous-Michael Bay, avec roquettes et mitraillettes. À l’intérieur, le film d’aventure amusant (la séance musicale et le jeu d’escaliers mortels) est vite balayé par un affreux et interminable tourbillon final de CGI, qui mérite d’être comparé à celui d’Indiana Jones 4 (sans les aliens, navré). Mais peut-être que la nonchalance formidable de Natalie Portman, qui ouvre une porte scellée depuis la nuit des temps avec une pauvre boule orange, était un signe du je-m’en-fichisme ambiant côté « aventure ».

Pyra-mid

LE VIDE ÉTERNEL

En parlant de Natalie Portman, la pauvre n’a pas pas été gâtée par ce rôle de mi-aventurière mi-maman trimballée d’une scène à l’autre en dépit du bon sens. Pas aidée par le scénario qui lui préfère clairement le héros masculin, l’actrice est incapable de trouver le bon timing comique, oscillant entre le trop (le champagne dans l’avion) et le pas assez (les conflits avec son frère, la gestion de son fiston surdoué). Les quelques efforts pour faire de Charlotte Purdue une héroïne à part entière sont maigres, et le film finit par complètement y renoncer pour en faire une observatrice et potiche dans le climax.

Reste donc John Krasinski, aussi à l’aise que son rôle est sans saveur. Mais lui a un sens évident de la comédie, et parvient à se sortir de presque n’importe quelle scène écrite avec les pieds. Il fallait au moins ça pour donner vie à ce héros au grand cœur qui est évidemment un être exceptionnellement exceptionnel, comme le prouve le final sous forte inspiration Indiana Jones 3 – l’émotion en moins, la lourdeur en plus. Tant pis si ça tombe comme un cheveu sur la soupe puisque le film n’a jamais réellement caractérisé ce Luke Purdue, malgré l’utilisation foireuse des flashbacks et visions. Et tant pis si cette conclusion héroïque rend les autres personnages encore plus fades.

The Office of Youth

Pendant ce temps, l’affreuse musique de Christopher Benstead essaye de créer le sentiment de grandeur qui manque à Fountain of Youth, en partie à cause d’un scénario-disque rayé – les héros arrivent quelque part, puis les soldats du Vatican, puis le policier, et ils se croisent et s’affrontent, et on recommence ailleurs.

Guy Ritchie, lui, fait joujou avec sa caméra. C’est parfois réussi, comme avec cette scène au début où le héros saute du train et se vautre, le tout en un mouvement astucieux. Mais c’est souvent dans le vide, comme avec ce plan qu’il reproduit plusieurs fois au-dessus d’Eiza González en pleine action, sachant que l’actrice fait désormais partie du clan Ritchie puisqu’elle a enchaîné Le Ministère de la Sale Guerre, Fountain of Youth et son prochain, In the Grey.

S’il fallait une dernière preuve que ce gros film arrive tellement en retard que sa place est dans un musée (des copies ratées), le générique de fin l’offre sur un plateau avec le tube Live Forever d’Oasis. Le clou du spectacle que Fountain of Youth visait.

Fountain of Youth, disponible sur Apple TV+ depuis le 23 mai

Fountain of Youth
Rédacteurs :
Résumé

On ne s’attendait à rien et on est quand même déçu. Fountain of Youth avait les atouts et l’argent pour offrir une réjouissante aventure entre Uncharted et La Momie (parce qu’à ce stade, Indiana Jones est le modèle des modèles), mais tout le monde a préféré faire le service minimum. 

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DirtyHarry
DirtyHarry
il y a 2 jours

Aussi bien que Red Notice ! C’est dire…

eddie-felson
eddie-felson
il y a 2 jours

Impossible de regarder jusqu’au bout! Une purge!!! Et dire que c’est le réal de snatch!!!

cidjay
cidjay
il y a 3 jours

On ne s’attendait à rien et on est quand même déçu.

Je ne savais pas que Dewey avait ret la rédac d’écran large !

Big G
Big G
il y a 3 jours

On loue beaucoup (et à juste titre) les qualités des productions Apple TV quand on parle de séries, mais côté films, c’est quand même assez catastrophique : Fountain of Youth, The Gorge, Wofls, Finch …
Le seul bon exemple qui me vienne en tête est le Scorsese, qui reste quand même un cas à part, puisque c’est une co-prod et pas une pure exclu Apple, et qu’il est distribué par Paramount.

Berlingo
Berlingo
il y a 3 jours

Guy Ritchie me surprendra toujours. Il est capable de réaliser des petits chefs d’oeuvre bourrés d’humour so british, de fun et de trouvailles malines, des films à gros budget potables… et il peut tout aussi bien pondre les pires bouses.

Little John
Little John
il y a 3 jours

Sincèrement je ne sais pas comment vous faites pour vous farder autant de bouses. 
 
Je sais qu’analyser le cinéma est votre boulot, pour ne pas dire votre ion, et qu’il faut souvent voir le pire pour vraiment apprécier le meilleur (quoi que, ça c’est discutable), 
 
mais il y a quand même une pelleté de productions que vous pourriez critiquer juste sur la base de l’affiche et de la bande annonce, sans avoir besoin d’aller plus loin. 
 
Celle-ci en est l’exemple parfait, car tout ce qui est mis dans l’article (humour mal timé, jeu moisi, outrance de scènes d’actions gratos, scénar bis repetita, etc.) se perçoit déjà dans les outils promo du film… 
 
Force à vous ! 

monsieurwolf
monsieurwolf
il y a 3 jours

J’ai peut-être des goûts de merde, mais j’ai é un excellent moment devant ce film et ma copine a aussi beaucoup apprécié.
J’ai même trouvé ça mieux que Uncharted avec Tom Holland.
Je pense que ça manque trop de racisés et de LGBTQIA pour ecranlarge, si c’était un film de gauchiasse, ça aurait applaudit des deux mains.

Aegon 2eme
Aegon 2eme
il y a 3 jours

Assez d’accord dans l’ensemble mais pas bien mieux que Uncharted voir idem.

Flash
Flash
il y a 3 jours

Rien que le casting m’a dissuadé.

kelso
kelso
il y a 3 jours

Film d’aventure décevant, tout comme les jeux Uncharted le sont (en fait de simples jeux de tir (90% du contenu des jeux uncharted c’est des fusillades) mais emballé dans une ambiance aventure avec une ou deux énigmes vite réglées et zero exploration à faire), donc ce film aurait fait une très bonne adaptation.