alors, on chante
En 2022, Annette ouvrait le bal cannois sur une voix-off de Leos Carax (le réalisateur) s’adressant directement au public avant de le plonger dans son ride fou sur le May We Start des Sparks fort-à-propos. Dans ses premières minutes, Partir un jour suit son héroïne Cécile, 40 ans, stressée par sa vie personnelle (elle vient de découvrir qu’elle est enceinte) et sa vie professionnelle, elle qui n’a toujours pas trouvé le plat signature de son restaurant dont l’ouverture est prévue dans quelques jours.
Pour ne pas faciliter les choses, elle apprend que son père vient de faire un infarctus et elle décide donc de rentrer dans le village de son enfance pour aider ses parents. Les bases du récit sont posés en deux-trois minutes avec une anxiété déjà omniprésente, une frustration, voire une irritabilité, mais Amélie Bonnin invite son héroïne à souffler. Sur Alors on danse de Stromae, elle et son compagnon (Twefik Jallab) se trémoussent, sur un générique reprenant la police rose caractéristique des karaokés, comme pour inviter les spectateurs dans la belle aventure (cannoise) à venir.

Un mélange de chagrin et de légèreté qui symbolise parfaitement le récit doux-amer au cœur de Partir un jour. La beauté de ce premier film repose en effet sur la capacité impressionnante d’Amélie Bonnin à fusionner les émotions, transformer des situations amusantes en séquence terriblement mélancolique et d’autres scènes pleine d’amertume en vecteur de joie et de libération. Et si elle le réussit aussi bien, c’est en grande partie sur son duo principal : Juliette Armanet et Bastien Bouillon.
Ils étaient déjà les visages du court-métrage et ils continuent à illuminer chaque plan de leur alchimie, leurs sourires, regards et émotions. Toutefois, pour son Partir un jour version long-métrage, la réalisatrice a eu la bonne idée d’inverser les rôles. Au revoir le grand écrivain qui revient au bercail et retrouve son amour d’enfance caissière au supermarché local, bonjour la grande cheffe cuistot qui retrouve son crush adolescent devenu garagiste et motard à ses heures perdues. De quoi changer les perspectives et apporter une belle densité au scénario.

revenir pour mieux partir
En choisissant une héroïne enceinte de 40 ans en protagoniste, Amélie Bonnin saisit l’opportunité rêvée pour déployer tout un spectre de réflexions universelles à travers un parcours féminin, ce qui est bien moins souvent exploité par le cinéma que pour des personnages masculins (en tout cas, de cet âge-là). Cécile est une battante, déterminée, indépendante, dont les choix résonnent à la fois avec son é et son futur, son éducation et ce qu’elle en a fait.
Le film se pose ainsi plusieurs questions sur ce que chacun garde de son éducation et de son enfance ? Qu’accomplit-on vraiment ? Comment devient-on nous-mêmes ? Quand ? Et est-ce que cela e forcément par une trahison de nos racines, de notre culture, des valeurs transmises par nos parents ? À travers ce magnifique retour à l’adolescence (et à l’innocence) dans le Loir-et-Cher, Cécile fait à la fois l’inventaire de ses regrets, de ses certitudes et de ses blessures.

Une étude intime qui permet à Amélie Bonnin d’explorer autant l’iration mutuelle parents-enfants, les rapports Province-Paris, la communication amoureuse ou encore la liberté féminine et le féminisme donc (dont une magnifique scène de sororité). Et comme tout est plus beau en musique, Bonnin le fait souvent en chanson. Alors bien sûr, l’intégration des ages chantés est parfois un peu trop fabriquée (peut-être Sensualité d’Axelle Red par exemple) et le film subit quelques baisses de rythme, défaut habituel des premiers films.
Rien qui n’entache malgré tout les moments de grâces de Partir un jour, qu’il s’agisse de sa chanson finale, de sa soirée nostalgique entre amis dans une cabane sur fond de Céline Dion ou de son quasi-voyage dans le temps dans un flashback inventif, délicat, drôle, émouvant et plein de poésie. On critique souvent Cannes pour son artificialité et ses paillettes, mais quelle joie de voir le festival s’ouvrir avec un film aussi authentique et populaire.

Et bien moi je suis content de revoir François Rollin. Je l’aime beaucoup cet homme.
Film peu apprécié par Libé et le Nouvel Obs. J’imagine que ce qui déplait c’est le côté scout, sectaire avec de la musique immonde. Un film de droite. Rien ne va.
Désolé de pinailler mais c’est « Loir-et-Cher » pas « Loire-et-Cher ». Merci.
J’ai trouvé le court métrage très moyen. Pourquoi pas donner sa chance au long, parce que sur le papier ça aurait pu me plaire. Par contre le féminisme et les délires de sororités ça commence à me gonfler.
j’avais beaucoup aimé son cours déjà