Star Wars : Tales of the Underworld – critique qui commence à fatiguer la Force sur Disney+

Star Wars, ton univers impitoyable

Même si le format, oscillant entre 15 et 20 minutes, ne permet pas toujours des histoires aux enjeux forts, il faut reconnaître aux mini-séries Tales of… de s’essayer à un exercice intéressant. En prenant des points précis dans la vie de ses personnages, chacun des opus met en opposition des vies contraires, pourtant censées appartenir au même « camp », si tant est que cela veuille encore dire quelque chose dans le monde de Star Wars.

Dans Tales of the Jedi, les désillusions d’Ahsoka face à l’Ordre Jedi ne l’ont pas empêchée de devenir une grande résistante face à la menace de l’Empire, tandis que les doutes du Comte Dooku l’ont entraîné petit à petit vers le côté obscur. Tales of the Empire, pour sa part, offrait une forme de rédemption à la Jedi traîtresse Barriss Offee, alors que le massacre des Sœurs de la nuit a changé à tout jamais Morgan Elsbeth et sa perception du monde.

Si la proposition reste bien souvent mineure, embarquée sur les rails désormais confortables des productions animées de Lucasfilm, il reste l’envie sincère de nuancer le monde de Star Wars par ces personnages annexes dont le parcours, les soufs et les convictions entraînent des bascules. Ce sont ces mouvements d’un côté à l’autre de la barrière qui restent au cœur de ces petits pans de mythologie.

Tales of the Empire avait beau nourrir son récit avec les fonds de tiroir des créations Disney+ pour le seul plaisir de ses fans, Dave Filoni et ses équipes avaient une latitude pour inventer, et pour oser certains extrêmes. En revenant à des personnages plus identifiés sur Tales of the Underworld (Asajj Ventress, fraichement ressuscitée, et le chasseur de primes Cad Bane dont on explore la jeunesse), l’attente était plus importante et le résultat, fatalement décevant.

Ventress mou

Malgré une exploration supposée du monde criminel de Star Wars et ses bas-fonds à la morale douteuse, l’ensemble reste plutôt bon enfant, voire étonnamment sage. Cad Bane est rendu tout de suite sympathique par sa nature d’orphelin sorti des rues et de la misère par un criminel au grand cœur, avant de créer une opposition shakespearienne un peu facile entre lui et un ami d’enfance devenu shérif de la ville. Au moins, cet arc a le mérite d’aller au bout de sa logique, entre ses inspirations assumées du côté du western (duel au pistolet à l’appui) et le désir de vengeance intarissable de Bane, où toute politique s’efface au profit d’une loyauté extrême.

La douche froide vient plutôt du côté d’Asajj Ventress, dont les 3 épisodes entament pourtant la série. Son retour inattendu dans la saison 3 de The Bad Batch laissait sous-entendre une exploration de sa psyché tourmentée, et son retournement de veste après la trahison des Séparatistes, le génocide des Sœurs de la nuit, et l’avènement de l’Empire.

Il faudra pourtant se contenter d’une dynamique de buddy movie vite agaçante avec un padawan rescapé de l’Ordre 66 (encore…). L’ancienne assassine au tempérament grognon évoque à peine son if de « tueuse de Jedi », et son parcours se contente ici de recréer celui d’Obi-Wan Kenobi dans sa série éponyme, à la recherche du age, ce réseau qui sauve les rares Jedi restants dans la galaxie. Quelques rencontres infructueuses ouvriront les yeux d’Asajj et de son nouvel ami sur l’univers impitoyable de Star Wars, et c’est à peu près tout.

Sans être indigente (il y a toujours ce goût pour le petit élément de worldbuilding malin placé au gré d’une scène), Tales of the Underworld ne répond pas vraiment à sa promesse d’une plongée sans concessions dans ce monde du crime, pourtant dans une ébullition constante, qui révèle autant les manquements de la République (avec Cad Bane) que l’ordre factice imposé par l’Empire (avec Asajj Ventress).

Tous les épisodes de Star Wars : Tales of the Underworld sont disponibles sur Disney+ depuis le 4 mai.