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Le Parrain : Al Pacino raconte pourquoi Coppola a failli le virer du film au bout d’une semaine

Par Alexandre Janowiak
18 octobre 2024
MAJ : 18 octobre 2024
© Canva Paramount

Francis Ford Coppola, et pourtant, il a failli prendre la porte en plein tournage.

Entre Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Irishman de Martin Scorsese (pour lequel il a été nommé aux Oscars) et House of Gucci de Ridley Scott, la filmographie d’Al Pacino a retrouvé un peu de sa gloire d’antan ces dernières années. Si Al Pacino a enchainé les navets pour l’argent, comme il l’a avoué en interview, il a largement remonté la pente avec ces immenses cinéastes. Il sera d’ailleurs bientôt à l’affiche du non moins prestigieux thriller In the Hand of Dante de Julian Schnabel (avec un casting incroyable).

Une bien belle manière de terminer une carrière riche qui avait explosé dès son troisième film : Le Parrain de Francis Ford Coppola. Repéré dans son rôle de toxicomane dans Panique à Needle Park, Al Pacino avait été choisi par le réalisateur pour incarner Michael Corleone, futur héros des deux volets suivants (en 1975 puis 1990). Sauf qu’apparemment, les choses ont failli très mal tournées pour Al Pacino.

Marlon Brando dans Le Parrain
« Je crois qu’on a un problème avec Al Pacino« 

panique à paramount

En ce mois d’octobre 2024, Al Pacino a publié ses mémoires intitulés Sonny Boy (Sonny étant un des surnoms que lui donnaient ses amis pendant son adolescence). À l’intérieur, il revient évidemment sur toute sa vie, de son enfance à sa longue carrière dans le cinéma, faisant de lui une légende du 7e art. Et comme l’a retranscrit Entertainment Weekly, il parle notamment des doutes de Coppola sur son jeu dans Le Parrain. Il avait déjà évoqué ces craintes par le é, mais il donne beaucoup plus de détails dans son livre.

Ainsi, au bout d’une semaine et demie de tournage seulement, Francis Ford Coppola a convoqué Al Pacino. Le réalisateur a d’abord mis les formes avec l’acteur : « Tu sais combien tu comptes pour moi, combien j’avais confiance en toi ». Il faut dire que Coppola avait tout fait pour qu’Al Pacino obtienne le rôle (même si Paramount n’était pas de cet avis). C’est sans doute la raison qui a poussé le cinéaste à être très franc avec Al Pacino : « Tu n’es pas à la hauteur ! », comme le raconte l’acteur dans Sonny Boy :

Al Pacino et James Caan dans Le Parrain
« Va falloir que tu te bouges Al car là ça va pas ! »

« J’ai ressenti cette sensation au creux de l’estomac. C’est à ce moment-là que j’ai finalement réalisé que mon travail était en jeu. J’ai dit à Francis : « Que faisons-nous ici ? » Il m’a répondu : « J’ai réuni des rushs de ce qu’on a déjà tourné. Pourquoi ne pas y jeter un œil ensemble ? Parce que je pense que ça ne marche pas. Tu ne travailles pas ». Paramount ne voulait pas que je joue Michael Corleone. Ils voulaient Jack Nicholson, Robert Redford. Ils voulaient Warren Beatty ou Ryan O’Neal.

Il était impossible que l’impact du rôle soit perceptible dès le début. Mon interprétation de Michael devait grandir au fil du temps, un peu comme un jardin : il faut un certain temps pour que les fleurs poussent… De retour à Hollywood, Paramount a commencé à regarder le film que Francis avait tourné et ils se sont à nouveau demandé si j’étais l’acteur idéal pour ce rôle. Je me suis dit : « Il n’y a rien de suffisamment spectaculaire dans ma performance pour qu’ils soient convaincus » [les rushs montrant la scène d’ouverture du mariage où Michael Corleone est très en retrait, ndlr]. »

Al Pacino et Simonetta Stefanelli dans Le Parrain
Un duo qui s’est serré les coudes

Comme il l’explique plus loin dans ses mémoires, Al Pacino n’était pas le seul à être visé par les critiques de Paramount qui ne voyait pas non plus d’un bon œil les présences de James Caan et Robert Duvall. Problème pour Al Pacino, hormis Marlon Brando, c’est lui qui a le rôle le plus important du film et sa performance doit donc être parfaite. Pour éviter la catastrophe, Francis Ford Coppola a donc réorganisé le planning de tournage et donné à Pacino des scènes plus puissantes en début de production pour lui permettre de retrouver du caractère dans son jeu.

Malgré quelques accrochages durant le tournage, Coppola balançant carrément un « Pourquoi je t’ai engagé ? Que sais-tu faire ? » à Al Pacino durant la scène du mariage sicilien avec l’actrice Simonetta Stefanelli, la stratégie a porté ses fruits. La prestation d’Al Pacino en Michael Corleone est désormais mythique et il est impossible d’imaginer Le Parrain sans lui. En attendant de voir Al Pacino dans le film de Julian Schnabel (normalement en 2025), il est toujours possible de découvrir Megalopolis de Coppola au cinéma.

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Eomerkor
Eomerkor
il y a 7 mois

Pour ma part je trouve que ça fonctionne bien avec Micheal Corleone en retrait au début du film. Il a l’air de vouloir se tenir à l’écart de tout ce qui gravite autour de son père. Ensuite quand tout va aller de mal en pie il va reprendre les rênes et s’affirmer. Comprendre qu’il fait parti de la famille et qu’il ne peut s’en échapper.
Après on ne sait pas comment s’est vraiment é le tournage et Coppola n’est pas lui même quelqu’un de facile à vivre. Il a peut être tout simplement pousser Pacino à sortir son meilleur jeu dès le départ pour montrer à la Paramount qu’il était le bon choix et continuer à tourner le film sans avoir le studio sur le dos. Je pense qu’il voulait vraiment le garder et a décidé de tourner en avance les scènes dans lesquelles il devait se révéler.
Le résultat est un chef d’oeuvre qui sera suivi d’un chef d’oeuvre encore meilleur.

dutch
dutch
il y a 7 mois

Au fil du temps, on dirais qu’il as baissé son niveau d’exigence Coppola…difficile d’imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle que Al Pacino, il est parfait, Ryan O’Neal à la place no thanks.

cidjay
cidjay
il y a 7 mois

Découvert un peu trop tard pour ma part, j’ai pas réussi à adhérer… après, j’ai du mal avec les films de gangsters… les seuls qui trouvent grâce à mes yeux, c’est HEAT, Point Break et Réservoir Dogs.

eddie-felson
eddie-felson
il y a 7 mois

Chef d’œuvre absolu.
Vais me refaire cette trilogie que je n’ai pas revue depuis trop longtemps!