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Cannes 2025 : on a vu L’intérêt d’Adam, plongée étouffante dans l’enfer hospitalier

Par Alexandre Janowiak
14 mai 2025
MAJ : 14 mai 2025
© Memento Distribution

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour le Festival de Cannes 2025. Et c’est l’heure de revenir sur Anamaria Vartolomei.

Les frères Dardenne ont longtemps été les rois du cinéma social belge, mais la relève semble désormais parfaitement assurée avec les oeuvres de Laura Wandel. Et ce n’est probablement pas étonnant s’ils sont producteurs du deuxième film de leur compatriote, L’intérêt d’Adam, présenté en ouverture de la Semaine de la critique 2025. Un plongée étouffante et émouvante au coeur d’un hôpital dont on est ressorti très impressionné.

réparer les vivants

De quoi ça parle ? Adam, 4 ans, est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Lucy, l’infirmière en chef, autorise la mère d’Adam à rester auprès de son fils au-delà des heures de visite fixées par le juge. Mais tout au long de la nuit, la situation va se compliquer…

Et ça vaut quoi ? Il y a deux types de films à Cannes : ceux où on se demande comment ils ont fini en compétition pour la Palme d’or (coucou The Last Face) et ceux où on se demande pourquoi ils n’y sont pas. C’est le cas de L’intérêt d’Adam, premier gros choc de ce Festival de Cannes 2025 et confirmation que Laura Wandel a tout d’une grande réalisatrice.

La cinéaste belge avait déjà impressionné la Croisette en 2021 avec Un monde dans la sélection Un Certain Regard, drame filmé à hauteur d’enfants (littéralement). Avec L’intérêt d’Adam, seulement son deuxième film, elle continue à s’intéresser à l’enfance dans un dispositif toujours ultra-immersif, mais cette fois du point de vue de l’infirmière en chef du service pédiatrique d’un hôpital incarnée par l’incroyable Léa Drucker (comme visible dans l’extrait ci-dessus).

Anamaria Vartoloemi et Léa Drucker dans L'intérêt d'Adam
Un duo, et même trio, fabuleux

Ainsi, la Belge suit de tous les plans Lucie, la caméra collée à elle, ses mouvements, sa respiration… dans un style qui n’est pas sans rappeler les excellents Le Fils de Saul de Laszlo Nemes et L’Événement d’Audrey Diwan (déjà avec l’exceptionnelle Anamaria Vartolomei). Cette caméra à l’épaule est en effet un des éléments les plus puissants de L’intérêt d’Adam, tant Laura Wandel parvient à nous faire vivre le quotidien complexe de son héroïne – de ses conditions de travail à sa charge mentale (à la fois pro et perso) – grâce à sa mise en scène.

Entre le bruit permanent, l’humeur des patients, leur défiance envers le corps médical, les moyens réduits du système hospitalier (et du système judiciaire aussi vu l’intrigue)… Lucie est notre porte d’accès brutale et sans concession à cette dure réalité. L’histoire repose sur une seule longue soirée (et le film ne dure qu’1h13), pourtant, Laura Wandel réussit à raconter trois tranches de vie bouleversantes (Lucie l’infirmière, Rebecca la mère isolée et Adam son fils) tout en observant un monde médical épuisé, démuni, et son personnel dévoué qui doit aider sans perdre pied, résonner sans culpabiliser, persévérer sans s’agacer.

On pense évidemment beaucoup à Hippocrate

Bien sûr, c’est un sujet déjà vu au cinéma (ou à la télé avec l’excellente série Hippocrate) et L’intérêt d’Adam n’invente rien avec ce combat quotidien pour aider les autres (quitte à s’en rendre malade, tenir mais encore combien de temps à ce rythme…). Toutefois, la puissance de sa narration en temps réel emporte tout, comme si le chef d’oeuvre La Mort de Dante Lazarescu muait en une course contre la montre plus resserrée et urgente. Et si cette mise en scène est aussi pertinente, c’est parce que l’écriture est d’une finesse et subtilité époustouflante.

Car avec deux personnages principaux féminins, L’intérêt d’Adam raconte aussi un monde où le sexisme ordinaire (et plus particulièrement la misogynie, soyons honnêtes) est à tous les coins de chambres, provenant à la fois des patients et des collègues. Un monde où la sensibilité est de plus en plus rejetée par une société déshumanisée (le comble dans un hôpital) et où, heureusement, la sororité devient une clé salvatrice pour défier un système gangréné en perdition. Un très grand film.

Ça sort quand ? Le 1er octobre 2025 au cinéma en , grâce à Memento.

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Sanchez
Sanchez
il y a 21 jours

Léa drucker et en plus Annamria j’y vais direct. En plus ça dure qu’une heure 13 quel bonheur