Bien avant de pouvoir claquer 120 millions de dollars, en grande partie de sa poche, pour Megalopolis, Dementia 13, sa première réalisation dans la douleur, tend à démontrer…
Infarctus, typhon, superstar en roue libre… depuis Apocalypse Now, il est devenu difficile d'évoquer les tournages infernaux sans mentionner le nom de Francis Ford Coppola. Si toutes ses œuvres n'ont, heureusement, pas connu une production aussi chaotique, le cinéaste reste un homme prêt à tout sacrifier à sa vision artistique, ainsi qu'en atteste sa dernière dinguerie Megalopolis.
Mais avant de devenir le réalisateur culte du Parrain ou de Dracula, le jeune Francis a logiquement fait ses armes sur des projets plus modestes. Son premier long-métrage à part entière Dementia 13 était sur le papier un petit film fauché sans prétention… ce qui ne l'a pas empêché d'engendrer un conflit avec son producteur !

Le poulain de Corman
Même les plus grands ont commencé en bas de l'échelle. Pour Francis Ford Coppola, le premier barreau portait le nom de Roger Corman. Ce spécialiste des films pour drive in a pour habitude de recruter des étudiants ou de jeunes diplômés. Certes, la principale raison, c'est qu'ils ne coûtent pas très cher et peuvent être essorés à loisir. Mais dans le lot figurent de futures pointures qui lui doivent leur première expérience, à l'image de Joe Dante ou Martin Scorsese.
Au début des années 60, c'est au tour de Francis Ford Coppola, qui a fait ses gammes dans la section cinéma de l'UCLA à Los Angeles, d’œuvrer pour le pape du bis. Corman lui confie la tâche de retoucher un film russe qu'il vient d'acquérir, notamment dans le but de l'américaniser. L'apprenti modifie le contexte de l'histoire, tourne quelques scènes supplémentaires et propose un nouveau montage. Le fruit de son labeur sort en 1962 sous le titre Battle Beyond the Sun.

Satisfait par la persévérance de son poulain, Corman l'engage comme assistant touche-à-tout. La même année, il l'embarque en Irlande en qualité d'ingénieur du son sur le tournage de Duel sur le circuit (The Young Racers), un drame sportif dans le milieu de la course automobile.
Fidèle à sa réputation, Corman boucle les prises de vue en avance et sans avoir tout dépensé des 165 000 dollars de budget provisionnés. Quelques faux raccords sont aisément tolérés sur l'autel de la rentabilité : le cinéaste préfère emballer un second film dans la foulée avec le reliquat, qui s'élève à 22 000 dollars.
...
La suite est réservée à nos abonnés. Déjà abonné ? Se connecter