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Rumours, nuit blanche au sommet : critique d’une poudre de perlimpinpin

Par Antoine Desrues
7 mai 2025
MAJ : 8 mai 2025

L’humour canadien a un ton bien à lui, et dans le domaine, Alicia Vikander, pour une approche surréaliste de la politique internationale. Un point de départ intrigant, qu’on aurait rêvé plus abouti. En salles le 7 mai.

© Potemkine

C’est leur projeeeeet !

Pendant un sommet du G7 en Allemagne, les sept dirigeants des démocraties libérales les plus riches du monde se retrouvent mystérieusement seuls. Perdus dans la forêt, ils essaient de s’en sortir tout en écrivant leur discours provisoire. Pendant ses 20 premières minutes, Rumours se développe comme un court-métrage savoureux rien qu’à la découverte de son casting. Avec Cate Blanchett en Chancelière allemande, Denis Ménochet en président français, Charles Dance en président des États-Unis ou encore Alicia Vikander en présidente de la Commission européenne, on sait qu’on va s’en payer une tranche.

Et pendant un moment, c’est le cas. Le cringe des situations et des dialogues laisse apparaître les guerres d’ego et le manque de tact de nos leaders politiques. Le président français ne peut pas s’empêcher de mansplainer, le Premier ministre canadien ne s’est pas remis de son amourette avec la Première ministre britannique, et le président italien est un gros benêt sans doute élu par accident.

A la manière d’une pièce de théâtre filmée (ce qui lasse au bout d’un moment), la caméra isole chaque personnage dans sa propre logique, où chaque rebond du montage fait ressortir un manque de cohésion. Là où Rumours est plaisant, c’est en évitant le piège de la comédie politique indignée, qui aurait un grand message à délivrer sur les injustices du monde. Il ne traite pas ses présidents et ministres comme des êtres machiavéliques et cyniques, mais comme des imbéciles heureux, chaînons impuissants d’un capitalisme rampant sur lequel ils n’ont aucune réelle emprise.

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Une belle brochette de gagnants

Jet Set au G7

Guy Maddin se veut joyeusement grinçant, et use de son écriture surréaliste pour métaphoriser la profonde inutilité de ses personnages et de leur sommet, quand bien même eux s’auto-persuadent de leur importance. En étant plongés dans la solitude et dans le hors-champ d’une crise mondiale supposée, les voilà non seulement contraints de collaborer, mais aussi de donner un sens à une fonction qui n’en a plus. Le film puise de cette dynamique ses meilleures cartouches, notamment lorsque Denis Ménochet essaie de donner une dimension allégorique à la situation du groupe.

Seulement voilà, Rumours est aussi le représentant parfait de l’expression “les blagues les plus courtes sont les meilleures”. ées sa réjouissante introduction et certaines punchlines très efficaces, le film tourne en rond, aveuglé par ses élans d’absurdité (l’apparition d’un gros cerveau au milieu de la forêt) et le besoin de marquer l’incompétence de ses protagonistes par des allers-retours ronflants.

Ça prend la grosse tête

Au bout d’un moment, voir Charles Dance en pseudo-Biden s’endormir pour la quatrième fois ne fait plus vraiment rire, et l’écriture de Maddin se limite à recycler les éléments de sa première partie. Malheureusement, le long-métrage révèle par ce manque de renouveau qu’il est plus inoffensif qu’il ne s’en donne l’air. En une heure trente, on aurait sans doute été plus clément avec cette pastille légère au concept ravageur. Mais sur deux heures, on était en droit d’attendre bien plus.

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Rédacteurs :
Résumé

Bien qu’il ne s’excuse d’aucune résonance avec notre triste actualité politique, Rumours et son sens de l’absurde lassent assez vite. Son introduction et ses piques grinçantes sur l’inutilité de nos dirigeants font mouche, mais le soufflé retombe trop vite.

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axlmzo69
axlmzo69
il y a 26 jours

Vu au festival de Gerardmer en début d’année. Pitch, casting … , rien n’annonçait une si grosse daube. C’edt long, plat, surjoué, et se fader des zombies en glaise sui se masturbent à l’écran, c’est vraimer hallucinant de connerie. Un bon film de bobos. 0.5/5 pour être gentil