RETOUR VERS LE FUTUR
La Harley Quinn de Patrick Schumacker en proposant une évolution de cette héroïne inclassable et unique de DC.
Pour ne pas dénaturer cette folle tête blonde, la série complète le personnage d’origine en approfondissant certaines facettes qu’on lui connaissait déjà, mais ne le réinvente pas, contrairement à la première version live jouée par on en parle ici), le jeu vidéo Batman : Arkham Asylum ou encore la série de comics Suicide Squad. On comprend d’ailleurs que la série reprend le flambeau de celle de 1992 dès le premier épisode où Harley apparaît pour le pilote dans son costume d’origine avec son énorme maillet et sa coiffe à grelots, en compagnie de son poussin en costume violet (en plus de nombreuses références et situations ressemblantes entre les deux séries).
La série ne renie donc pas l’héritage d’Harley Quinn, qui est au départ née pour servir le Joker, tout comme Harleen Quinzel est morte pour lui. Contrairement à Margot Robbie, la série de DC Universe veut qu’Harley se détache elle-même de son bourreau et indirectement créateur pour qu’elle écrive sa propre histoire, voire réécrive son origin story à sa convenance, comme elle le fait dans un des épisodes.
En même temps, on imagine difficilement le Joker laisser Harley vagabonder librement dans Gotham pour se faire une réputation sans qu’il revienne sans cesse la tourmenter pour son simple plaisir. Son ex-tortionnaire et manipulateur doublé par Alan Tudyk est ainsi le principal obstacle qui barre la route d’Harley, même s’il n’apparaît qu’assez peu sur toute la saison.
C’est lui qui, à travers l’obsession qu’elle lui porte, a façonné son existence, ses motivations et son caractère. S’en défaire ne se fait pas du jour au lendemain et c’est toute la raison d’être de la série qui raconte son long parcours d’émancipation. Un désir qui a germé sous la direction de Paul Dini dans des épisodes dédiés, sans qu’elle parvienne à s’en détourner pour autant, ou du moins pas encore.
Que les choses sérieuses commencent
THIS IS A QUINN’S WORLD
Si Harley Quinn a été pensée comme une jeune femme irrévérencieuse, déjantée et dangereuse, le cadre bon enfant de la série de 1992 l’empêchait de totalement laisser exploser sa personnalité. En choisissant de s’adresser à un public adulte, Paul Dini, contraints de ne pas trop choquer leur jeune public.
Pour mieux affirmer le fort caractère d’Harley et toute sa dualité, Batman, la série animée, à un raz-de-marée d’insultes virulentes. Ce défoulement permet également de se rendre compte de la force et l’endurance trop peu évidentes de l’ancienne docteure, qui n’a par exemple aucune difficulté à briser les genoux de ceux qui la cherchent un peu trop ou à se relever après s’être pris plusieurs droites et coups de couteau.
En plus de la vulgarité et de la violence qui lui correspondent, les épisodes adoptent entièrement la mentalité d’Harley Quinn. La série est de ce fait ce que DC a pondu de plus drôle, car tout est pris avec légèreté et absurdité, que ce soit dans l’écriture des protagonistes ou les missions d’Harley qui consistent entre autres à trouver un QG pas trop cher, un super-héros suffisamment connu pour être le parfait némésis ou encore le coup grandiose à faire pour être repéré par la Legion of Doom.
Une route semée d’embûches jusqu’à la liberté
Les personnages sont aussi tels que Quinn les voit, loin de l’image culte et sérieuse qu’en ont les fans, avec un Batman (Christopher Meloni) à la ramasse et surcaféiné qui doit avoir de sérieux problèmes de solitude pour en arriver à vouloir faire copain-copain avec le justicier solitaire.
Le retour à l’animation cartoonesque permet également de mieux représenter la bulle colorée, fun et invraisemblable dans laquelle elle vit. En s’affranchissant des limites du possible et du crédible, la série gagne en inventivité, particulièrement pour les combats acrobatiques de l’ancienne gymnaste. Harley Quinn propose aussi plusieurs claques visuelles délirantes, comme quand la criminelle entame une course-poursuite sur une autoroute rose fuchsia interminable à mi-chemin entre la route arc-en-ciel de Mario Kart et un niveau de Sonic, qu’elle a fait construire après avoir menacé la ville avec des missiles nucléaires. Du Harley tout craché.
QUINN IS DEAD, LONG LIVE THE QUINN
En plus de reprendre tous les traits de caractère qui rendent le personnage de Harley Quinn creuse davantage les faiblesses et les erreurs de la jeune femme. Pour la défaire de son rôle d’acolyte du Joker, la série développe son contexte familial et son é en allant plus loin que Mad Love qui ouvrait les portes de son origin story, lui permettant d’avoir une existence au-delà du Joker.
En pansant ses blessures et en réparant ses torts, qu’ils soient liés à son Mister J ou non, elle s’en libère et trouve petit à petit son indépendance et son identité, ce qui la rend bien plus courageuse, attachante et pardonnable. En parfaite métaphore, à un moment, le Clown Prince du Crime oblige Harley à renfiler son ancien costume qui symbolisait jusqu’ici sa soumission et son appartenance.
Beaucoup plus sensible que le Joker
Si elle finit par le revêtir, à ce moment-là, la jeune femme n’a plus rien de l’ancienne Harley influençable qui laissait un psychopathe au look ringard lui dicter sa vie. La série porte ainsi un fort message féministe et ne tente pas de faire d’Harley une tête brûlée badass et inébranlable peu crédible, mais plutôt une femme en quête d’émancipation après des années de servitude (qui braque des banques et essaie de tuer Batman à l’occasion, certes).
Cette dimension plus humaine et véritable des personnages féminins forts de DC e également par l’écriture de Poison Ivy (Lake Bell) qui déconstruit son image de femme émancipée et irrésistible. La nouvelle colocataire d’Harley est une femme froide, blasée et solitaire qui cache en réalité la peur d’être abandonnée, ce qu’elle parviendra à surmonter avec une relation intime inattendue et son amour sincère pour Harley.
Cette écriture plus subtile que le ton de la série n’est malheureusement pas appliqué aux membres de l’équipe d’Harley, qui restent des caricatures d’eux-mêmes, comme Gueule d’Argile (Tony Hale) en misogyne rejeté par la société, alors qu’ils prennent de plus en plus d’importance au fil des épisodes.
Bon ça reste Poison Ivy, faut pas la fâcher
Au final, ces sidekick rigolos sont le nouveau port d’attache de l’héroïne qui jusqu’ici n’avait que le Joker. Indirectement ou non, ils l’aident à la faire grandir et à la responsabiliser, ce qui aurait mérité qu’on approfondisse un peu plus ces personnages de second plan, au-delà de ce qu’ils apportent à Harley.
Ce traitement superficiel et parfois lourd est en revanche moins problématique pour les super-vilains de la Legion of Doom, à l’image de Bane (James Adomian) qui veut exploser tout ce qui le contrarie. Utilisés en tant que ressorts comiques, ils n’apportent de toute façon pas grand-chose individuellement pour qu’on s’attende à une écriture nuancée. Mais la saison 2 sera peut-être l’occasion de s’intéresser davantage à ces personnages secondaires qui font maintenant partie de la nouvelle vie d’Harley, pour le meilleur et pour le pire.
Un pur régal, vu trois épisodes hier soir: j’ai rarement vu (jamais en fait) un animé de ce calibre rempli à ras bord de vulgarité, de langage ordurier, de violence graphique, le tout enrobé dans une animation fluide, claire et dynamique. Génial!
C’est la pire versions du Bat-verse en tous cas
Ou avez vous réussi à voir la série en VOSTFR OU VF ?
Entièrement d’accord. C’est assez génial.
Totalement d’accord avec vous. La meilleure adaptation d’Harley. C’est juste génial ! Une vraie réussite. Vivement la 2nd saison !
Bien d’accord avec cet avis. La série est vraiment sympa, pleine d’humour et assez trash. Clairement la meilleure adaptation d’Harley depuis la série Batman TAS.