Aliens…) pense qu’il y a un problème Hollywood : les budgets sont trop élevés, et ça ne peut pas durer. Et il a une petite idée pour s’en sortir.
Qui n’a pas failli s’étouffer en découvrant le budget officiel ou officieux d’un blockbuster hollywoodien récent ? 240 millions pour La Petite Sirène, 432 millions pour Jurassic World 2, 447 millions pour Star Wars 7…
Quand le film tape le milliard au box-office, le studio célèbre, la presse le relaye, et ça e. Mais quand il se plante, l’autopsie est publique et relance de nombreuses questions. Où va cet argent ? Pourquoi les budgets semblent-ils exploser ? Comment espérer être rentable avec de telles dépenses ? Et comment le système peut-il tourner ?
James Cameron partage visiblement ce constat. Le réalisateur-roi du monde, qui cumule dans les 8 milliards au box-office grâce à Avatar, Titanic, Terminator et compagnie, pense qu’il y a un problème à Hollywood. Et qu’il est temps de repenser le fonctionnement pour permettre aux films à grand spectacle de continuer à exister.

IL FAUT DIVISER PAR DEUX LES BUDGETS, SELON JAMES CAMERON
Invité dans le podcast Boz to the Future, le réalisateur de Titanic et Abyss a parlé de ce qu’il maîtrise : les très gros films, avec de très gros budgets. Le premier Avatar a coûté près de 240 millions hors promo en 2009, et a rapporté au final 2,9 milliards au box-office. La suite, Avatar 2 : La Voie de l’eau, a coûté entre 350-400 millions et a encaissé dans les 2,3 milliards au cinéma en 2022.
Pourtant, James Cameron pointe du doigt le problème profond à Hollywood : les films coûtent trop cher, notamment au niveau du budget des effets visuels.
« Si on veut continuer à voir le genre de film que j’ai toujours aimé et que j’aime faire et que je vais voir – Dune, Dune : Deuxième partie, ou l’un de mes films avec beaucoup d’effets visuels – il faut qu’on trouve un moyen de réduire de moitié les coûts. »

Le cinéaste ne se contente pas de cibler le problème. Il a aussi une petite idée de comment remettre les choses en place, en révolutionnant les méthodes et les habitudes, tout simplement :
« Mais il ne s’agit pas de se débarrasser de la moitié de l’équipe et dans les boîtes d’effets. Il s’agit de doubler leur vitesse d’exécution sur un plan donné, pour que la cadence et leur cycle de débit soient plus rapides, pour que les artistes puissent er à autre chose et faire d’autres choses cool et ensuite encore d’autres choses cool. C’est un peu ça ma vision. »
Difficile de ne pas relier ça aux récents problèmes dans l’industrie des effets visuels. En 2022, de nombreuses voix s’étaient élevées pour critiquer les méthodes de Marvel (parmi d’autres), avec des conditions de travail harassantes, une surcharge de travail continue, des délais intenables et des salaires beaucoup trop bas. L’arrivée des séries avait empiré la situation, donnant un monopole encore plus grand au studio.
L’IA FAIT DE L’EFFET
Qu’on le veuille ou non, la question de l’IA est désormais indissociable de celle des effets visuels. Au-delà des exemples discutés ouvertement, comme les récents The Electric State (des voix modélisées) ou The Brutalist (des bouts de dialogues en hongrois et peut-être même des éléments architecturaux sur Midjourney, même si Brady Corbet a nié ce que le chef déco avait affirmé), l’IA est utilisée dans quantité de films.
C’est parfois évident et spectaculaire, comme avec le rajeunissement numérique de Harrison Ford dans Indiana Jones 5. Mais c’est le plus souvent, c’est discret et normalisé au sein des boîtes d’effets visuels, et sur des films où personne ne le soupçonnerait. Parfois même des œuvres que les gens farouchement opposés à l’IA adorent et défendent comme les parangons du cinéma d’auteur.

C’est pour cette raison que James Cameron a ret en septembre 2024 le conseil d’istration de Stability AI, une entreprise spécialisée dans la création par IA. Et il explique pourquoi :
« Au bon vieux temps, j’aurais fondé ma société pour comprendre. J’ai appris que ce n’était peut-être pas le meilleur moyen de le faire. Donc je me suis dit, ok, je vais redre le comité d’une bonne société compétitive, qui a un bon CV. Mon but n’était pas nécessairement de me faire un paquet de thunes. Le but était de comprendre les choses, de comprendre ce que les développeurs ont en tête. Qu’est-ce qu’ils visent ? Quel est leur cycle de développement ? Combien de ressources faut-il dépenser là-dedans pour créer un nouveau modèle qui fasse du sur mesure ? Et mon but était d’essayer d’intégrer ça dans le flux de travail des effets visuels. »
Autrement dit : l’IA est un outil qui pourrait permettre de réduire le temps de travail, et réduire les budgets, comme le préconise James Cameron. Nul doute que la saga Avatar lui permettra de tester tout ça.
Avatar 3 : Fire and Ash sortira au cinéma le 17 décembre 2025. Avatar 4 arrivera en décembre 2029, et Avatar 5 en décembre 2031.
Il faudrait déjà un temps de pré-production plus long, pour qu’il n’y ait plus d’effets spéciaux fabriqués à la va-vite – mais même ça, ça coûte de l’argent. Et ça peut aussi tuer la spontanéité.
Et la vie est aussi plus chère : Y-a-t-il des gens du cinéma qui accepteraient d’être moins payés ? Et d’avoir un boulot bien fait, mais qui ne pourrait pas être modifié au cas où si ça ne marche finalement pas à l’écran, avec ces acteurs, avec son contexte de sortie ?
Et les spectateurs, ils accepteraient de voir des gros films mais qui sont moins remplis ? Parce que ceux Cameron, ils sont pleins, ils racontent une aventure – même s’ils ne vous pas assez loin pour l’instant.
» Aucune IA n’a été utilisée pour ce film » ce message sera visible avant le logo de la FOX pour AVATAR FIRE AND ASH.
Dans un avenir proche cet argument du non utilisation de IA sera un argument Marketing pour la Promo d’un Film.
Comme d’habitude , tout le monde se jette sur deux extraits et y va de son analyse…
L’interview complète est un peu plus intéressante que ça.
Je suis d’accord avec le commentaire de Ropib, le discours de Cameron est à prendre avec des pincettes. Comme Ridley Scott, ce gars est un général d’armée qui commande à la baguette des centaines de personnes sur chaque film. L’efficacité et la maîtrise de chaque département sont ses mantra, il n’y a pas de place à la sensiblerie pour ses équipes qu’il dirige impitoyablement. Mais c’est ce qui explique le défi technique à chaque fois surmonté et porté à un niveau jamais vu.
Je pense qu’il voit l’IA comme un moyen de produire plus rapidement des mastodontes comme les Avatar avec le même rendu, et un moyen d’économiser ses équipes qui peuvent ainsi déléguer une partie du travail à l’IA et se concentrer sur des tâches plus créatives. Du même coup, des salaires seront économisés vu que les équipes diminueront. Cameron dit que les équipes ne seront pas réduites, j’ai du mal à y croire.
Cameron pense comme un chef d’entreprise, il veut pourvoir aller toujours plus loin dans l’innovation cinématographique sans que les budgets de ses films aillent plus haut, voire qu’ils diminuent. Le problème c’est que l’IA a son revers et qu’elle peut dans le futur finir par remplacer des dizaines de métiers du cinéma, et Cameron peut accélérer tout ça.
L’approche de Cameron me rend très méfiant. Après, heureusement qu’il tient des discours humanistes dans ses films.. je doute quand-même de son rapport à la productivité de ses équipes. Globalement la performance n’est peut-être pas le problème, et il se pose manifestement une question de robustesse. Peut-être que la production devrait être en réalité plus tranquille. C’est contre-intuitif peut-être, n’empêche.
District 9, Elysium, Oblivion, The creator, Alien Romulus, …
Quelques films récents autour de 100 millions de dollars (voir beaucoup moins) qui m’ont fort diverti et dont les sfx étaient plutôt propres.
Et je prends 10 fois plus mon pied devant un épisode de la série originale « The Twilight zone » en noir et blanc format 4/3 que devant 5 minutes de Ant-Man Quantumania à 350 millions de dollars.
Faudrait aussi penser à travailler des scénarios plus solides et à moins penser à l’épate visuelle qui ne fera jamais tout (tant mieux pour ceux qui ont aimé Avatar et pour le compte en banque de Cameron). Le problème est que la très grande majorité de ces méga-budgets n’arrive pas à faire un film qui pourrait prétendre au statut de grand film comme on savait en faire à l’âge d’or du cinéma et jusque dans les années 80. Perso, je n’ai plus guère l’envie de donner du fric à ces films qui nous en mettent plein les yeux (ou pas d’ailleurs) mais sont creux comme des coquillages perdus sur le sable. La question est aussi souvent là : où est l’argent !
Marrant de la part d’un mec qui a dit plusieurs fois ce méfier de l’IA et dont les derniers films ont couté hyper cher, mais c’est Cameron donc on l’écoute car il ne faut pas oublier qu’il a commencé chez Corman avec des budgets ridicules.
Comme dit précédemment Edwards a fait un truc de dingue avec The creator, et James Gunm tiens toujours des budgets qui ne parte pas en sucette (il avait expliqué comment, de mémoire une organisation de tournage et de vfx nickel).
Et d’un autre coté des studios et réal qui donne et prenne 300 millions pour un Electric state ou un blanche neige (j’exagere le montant mais on est pas loin marketing compris) qui sont moche et nul.
Une bonne histoire, a minima divertissante, un réal compétent, des planning logique, avec ca on ne ce poserait pas de question.
Quand des mec comme Stallone, Willis, Schwary, Cruise prenait 20 millions de salaire on avait des predator, des die hard, des judge dredd (oui bon celui la….), des true lies, des mission impossible ou des maverick…
…ce qui implique moins de yes-men prêts à se conformer aux moules de productions ultra-normées devant respecter un cahier des charges préétabli et à des calendriers rigides ne laissant pas le temps aux équipes de bosser dans des conditions optimales. Pourquoi un film comme The Flash a pu sortir avec un scénar’ aussi claqué et des effets spéciaux aussi dégueulasses, alors qu’il était pourtant dans les tuyaux depuis des années et avec en main un budget de 220 millions de dollars ? (qui ne se voient quasiment pas à l’écran, tant cela ne ressemble à rien au final).
Encore une fois, ce ne sont pas les artistes ou les réalisateurs qui sont en cause, mais bien les méthodes de production. Donc oui, en baissant les coûts de production de façon intelligente et en planifiant à l’avance l’utilisation des SFX, je pense qu’il y a moyen de faire drastiquement baisser la note.
Mais vu la débilité actuelle à l’oeuvre à Hollywood et cette logique de franchisation à outrance, c’est pas demain la veille ! On peut ne pas aimer les films récents de Cameron, mais malgré les budgets pharaoniques de ceux-ci, au moins le bonhomme sait-il où il va et ce qu’il veut raconter (et comment le raconter). Certains devraient peut-être y tendre une oreille attentive.
Quel rapport entre le budget d’un film et sa qualité intrinsèque ? (et si je me fie à l’avis général, aussi bien public que critique, Dune 2 est loin de ce que je pourrais qualifier de « mauvais film »).
Perso, je pense qu’il a raison : trop de thunes ées n’importe comment dans les sfx, là où les durées de post-prod’ et de reshoots se rallongent de plus, beaucoup d’équipes, de studios, se contentant de filmer « sans compter » en attendant les premières screen-test, avant de revoir leurs copies à l’arrache, à quelques semaines d’une deadline déjà programmée des années à l’avance. C’est à mon avis tout ce système qu’il faut revoir.
Quand je vois que Gareth Edwards s’en est tiré pour un budget de 80 millions (hors promo) sur The Creator pour un résultat à l’écran qui semble en valoir plus du double, je me dis que ce mec a tout compris. Et effectivement, le bonhomme avait une idée très claire de ce qu’il voulait avant même d’arriver sur le plateau, bossant sa post-prod’ en même temps qu’il filmait, dépensant chaque dollar de façon efficiente sans avoir à repartir en reshoot pendant plusieurs semaines en dilapidant encore des millions de façon inutile. Mais pour ça, il faudrait que les studios changent leurs méthodes et fassent plus confiance aux réalisateurs et à leur vision…