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Le désastre Borderlands : le réalisateur renie le film, et explique ce qui s’est é

Par Mathieu Jaborska
15 avril 2025
© SND

C’était l’un des désastres industriels les plus cuisants de récente mémoire : le réalisateur Borderlands et… certaines raisons du carnage.

2024 a été une année difficile pour le studio Lionsgate, qui a essuyé plusieurs échecs cuisants, comme ceux de Mother Land, The Killer’s Game, Le Ministère de la sale guerre. Mais le pire fut peut-être celui de Borderlands, adaptation d’une saga vidéoludique dont le dernier volet date de 2019.

Les critiques du film avec Cate Blanchett furent désastreuses, mais pas autant que son score au box-office. Produit selon Variety pour 115 millions de dollars (auxquels s’ajoutent 30 millions pour le marketing), il en a rapporté… 33 dans le monde, dont 15 aux Etats-Unis.

D’ordinaire, il faut attendre l’expiration de quelques NDA (Non Disclosure Agreement, : une close qui interdit d’évoquer publiquement certains sujets) avant d’en apprendre plus sur les coulisses. Mais la catastrophe Borderlands fait les gros titres de la presse depuis bien avant son crash financier, et son réalisateur Eli Roth, célèbre pour les films d’horreur Hostel, Cabin Fever et Thanksgiving, a très vite reconnu des problèmes, ou du moins certains problèmes. Il en dit un peu plus.

De Borderlands à Bordel-land

Bien qu’il soit sorti en 2024, Borderlands a été tourné en 2021. Il a donc largement pâti de la crise du COVID. Du moins, c’est la raison évoquée par le studio auprès de ses investisseurs et par Eli Roth, qui déclarait chez IndieWire en décembre 2024 :

« Faire ça pendant le COVID, c’était… Je pourrais écrire un livre là-dessus ».

Dans le podcast The Town, le réalisateur a fini par dévoiler le premier chapitre en avril 2025. Confirmant qu’il n’a pas géré les reshoots effectués par Tim Miller (Deadpool) puisqu’il était occupé sur Thanksgiving, Eli Roth explique :

« Je me souviens m’être dit : est-ce que je suis au stade de ma carrière où je vais aller voir mon propre film, où c’est dit que je l’ai écrit et réalisé, sans sincèrement savoir ce qu’il va se er ?

C’est le genre de situation où on te dit, « Tu sais quoi ? Tu as pris l’argent, donc tu peux encaisser sans te plaindre ». Je crois qu’une fois qu’ils te payent, ça fait partie du contrat. S’il y a des différends créatifs ou peu importe ce qui se e, ils font des reshoots sans toi, et ils te disent, « Voilà ce qu’on fait ». Et t’es la figure de proue, tu vas arborer ton sourire, les gens t’embrassent, et tu dois rester là, et tu te dis « Ok, j’ai une piscine ». »

Cate Blanchett a-t-elle seulement vu le résultat final ?

LE FACTEUR COVID

Peu enclin à se répandre en détails, il a fini par céder… et évoquer une fois de plus la pandémie et ses conséquences sur la préparation du blockbuster :

« Je retravaillerais avec Lionsgate, mais pas dans ces circonstances. Je pense qu’aucun de nous n’a anticipé à quel point les choses allaient être compliquées avec le COVID. Pas seulement en raison de ce qu’on tournait, mais quand vous devez faire des inserts ou des reshoots et que vous avez six personnes qui sont sur différents plateaux et que chacun de ces plateaux est fermé parce que les villes se sont déconfinées et qu’il y a une résurgence du COVID…

Nous ne pouvions pas tout préparer dans une pièce ensemble, je ne pouvais pas être avec mes cascadeurs, je ne pouvais pas faire de prévisualisation, tout le monde était éparpillé. Vous ne pouvez pas préparer un film de cette échelle sur Zoom »

Borderlands n’est pas le seul film à avoir souffert des restrictions liées au COVID, qui ont fait gonfler certains budgets et ruiné les plannings millimétrés des studios. Mais, dans ce cas, leur impact indéniable est aussi bien pratique pour éluder les autres soucis. Les multiples scénarios refusés, et les réécritures plus nombreuses encore peuvent très bien s’envoyer par Zoom, d’autant que la première version annoncée, celle de Leigh Whannell, date de 2015.

Eli Roth ne mentionne pas non plus le changement de ton évident du projet. Initialement, il a été engagé pour repeindre les murs de Pandora, comme dans les jeux, mais le résultat final est classé PG-13 (la norme des blockbusters grand public). Le coordinateur des cascades Jimmy O’Dee a depuis confirmé que l’équipe avait tourné des séquences ultra-gores probablement coupées au montage. Une chose est certaine : on ne risque pas de voir un jour débarquer un Borderlands 2.

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Max24
Max24
il y a 1 mois

Les gros problèmes de ce film sont les dialogues et le manque de subtilité, le COVID n’a rien avoir la dedans. J’ai joué aux borderlands depuis le premier (qui est sorti en 2009) et il faut dire qu’ils ont bien respecté l’esthétique du jeu, l’intrigue est la aussi mais p*tain, est-ce qu’il y avait besoin de leur faire dire toutes les 5 min « je suis fou », « on est dingue » ou autre phrases du genre ça gâche tout. On le sais qu’ils sont dingue leur action suffise pour le voir alors arrêtez de prendre les gens pour des attardés.
Et je pense aussi que les scènes gores coupées au montage auraient apportées plus de crédibilité a certains ages. En bref j’ai quand même é un bon moment mais pas mémorable comme ça aurait du

jeromecaillere
jeromecaillere
il y a 1 mois

« ok j’ai une piscine » ?
Qui a fait la traduction ?
Google translate je pense car chatgpt est bien plus efficace

Azealion
Azealion
il y a 1 mois

Je suis fan de la saga depuis Borderlands 2 et j’ai vu le film. Je l’ai trouvé plutôt bien.
Mais personnellement je pense les films tirés de jeux-vidéos sont destinés uniquement aux fans. C’est un marcher de niche pas forcément grand public.

Ropib
Ropib
il y a 1 mois

Ok. Mais je trouve que les dialogues et l’histoire correspondent parfaitement aux standards de l’époque. Tout semble montrer que la production a parfaitement fonctionné. Ok peut-être que les cascades n’étaient pas top… mais si ce sont les cascades qui ont été perçues comme un problème a posteriori, franchement je peux rassurer le réalisateur : son film est une réussite, ce n’est pas ça qu’on remarque.

Flo1
Flo1
il y a 1 mois

… ça donne envie de payer les réalisateurs, acteurs et producteurs seulement en fonction du résultat (moins leur salaire mensuel).
Peut-être que ça les motiverait à faire mieux, et à réfléchir à l’avance au film qu’ils veulent vraiment sortir (évidemment, quand la note grimpe, on doit viser large pour pouvoir être rentable).

antoinebon
antoinebon
il y a 1 mois

L’univers de Borderland est affreux, tant esthétiquement que sur la profondeur, tout y est vulgaire et sans intérêt, j’ai péniblement joué 8h au 3eme opus et je n’y remettrai jamais les pieds.

Ensuite est-ce que Eli Roth a déjà fait un bon film ? Cabin Fever son soit disant chef d’oeuvre est totalement oubliable dans les 5 minutes qui suivent le visionnage et Hostel est d’une bêtise crasse et d’un désintérêt parfait.

Le covid a bon dos. Le projet de base était pourri, pourquoi mettre 130M$ sur un truc pareil ?

cidjay
cidjay
il y a 1 mois

peut-être aura-t-on un Director’s Cut un jour. pas sûr que ça rende le film « bon » après…
Perso, j’ai fait confiance à écran Large et sa critique : Je n’ai pas vu le film et certainement économisé 2h de temps à faire quelque chose de mieux.