Le Seigneur des anneaux était un film d'animation particulièrement prisé par les consommateurs de substances psychotropes. Enfin, à condition de ne pas craindre le bad trip.
Aujourd'hui, Le Retour du roi sont l'alpha et l'oméga des adaptations de fantasy. Toutefois, bien avant le tour de force du Néo-Zélandais, la Terre du milieu était déjà convoitée par le cinéma et la télévision. Walt Disney aurait jeté son dévolu sur Le Seigneur des Anneaux dans les années 1950, jusqu'à ce que ses storyboarders le dissuadent de se l'approprier. Bien que Tolkien n'ait pas été un ardent défenseur du créateur de Blanche-Neige, très loin de là, sa compagnie a continué à lorgner son oeuvre après sa mort, et des dessins préparatoires sont même trouvables en ligne.
D'autres ont tenté leur chance, du trio Forrest J. Ackerman, Morton Grady Zimmerman et Al Brodax à John Boorman, en ant par Ralph Bakshi est – au choix – moquée ou oubliée. Pourtant, sa dimension expérimentale lui confère une certaine valeur... que Jackson lui-même ne renierait pas.

Un voyage inattendu
En dépit de et probablement en raison de son ampleur démesurée, Le Seigneur des Anneaux n'est donc pas la première oeuvre de Tolkien à avoir connu les joies de l'adaptation. Le conte pour enfant Bilbo le Hobbit, un tantinet plus modeste, lui a grillé la priorité. Et ce grâce à une boite de production spécialisée dans les téléfilms pour mioches, Rankin/Bass. Dans un entretien public accordé au musée de la télévision et la radio en 2003, l'un des deux membres du tandem, Arthur Rankin Jr., expliquera justement avoir choisi The Hobbit par défaut.
"J'adore le travail de Tolkien. La plupart des livres étaient sous copyright. On a approché les détenteurs des droits et ils ne nous laissaient rien toucher. Jusqu'à ce que je fasse remarquer que deux d'entre eux étaient dans le domaine public aux États-Unis. [...] Ils ont dit : « Non, vous ne pouvez pas faire ça, vous ne pouvez pas utiliser le domaine public ». Mais bien sûr qu'on pouvait, légalement. Donc on a fait Bilbo le Hobbit. [...] Et c'est un bon film."

Bien plus tard, il adaptera Le Retour du roi, et les choses seront autrement plus complexes :
"On a essayé de faire Le Retour du roi et on l'a fait, mais c'est beaucoup de choses à condenser. Je pense que Jackson a le même problème avec les films. Vous ne pouvez pas dévier de ces livres, où quelqu'un va vous attendre en bas de la rue. Mettre tout ce contenu dans un film, c'est très très difficile. Et on s'en est rendu compte, mais ce n'était pas le cas avec The Hobbit - The Hobbit marchait simplement parce que c'est une histoire plus simple."
C'est plus simple et ça séduit les gosses, a priori. D'ailleurs, cette version ne fait pas l'ime sur les chansons, comme Jackson d'ailleurs dans la version longue d'Un voyage inattendu. Produite avec un budget très serré de 3 millions de dollars (loin des sommes investies par Disney, mais un record pour la télévision américaine du moment), longue de 78 minutes à peine, elle fait forcément l'ime sur certains éléments, comme Beorn. Quant à certains designs, comme celui de Gollum, ils ont forcément vieilli, l'animation très caricaturale de ses auteurs, sous l'influence d'Arthur Rackham, jurant avec les descriptions minutieuses de Tolkien.
Diffusée en 1977 sur la chaîne NBC, elle remporte un Peabody Award et fait parler d'elle dans la presse. On lui reconnait des qualités, mais on glose surtout sur son statut de première adaptation de Tolkien. C'est l'occasion de rappeler l'importance de l'écrivain dans la culture populaire, ainsi que l'ambition de la pièce maîtresse de son oeuvre : Le Seigneur des anneaux.

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Le film est ce qu’il est en tous cas le récit des coulisses est absolument ionnant.
Pour l avoir vu il y a peu , je trouve ce film extrêmement mauvais , niais , la rotoscopie ne colle pas avec le reste et l animation est raté même pour l’époque
La version de Ralph Bakshi est une véritable oeuvre d artiste avec des partis pris esthétiques assumés. Elle est très fidèle au roman. De plus il y a une vidéo comparative de certaines scènes sur YouTube avec la version de Peter Jackson. Il est clair que sur certaines scènes et plans, Peter Jackson s est bien inspiré du film de Bakshi (sans que ce soit du plagiat hein !)
J’ai trouvé la cassette (oui la cassette VHS) de cette version en 2000 dans une boutique aujourd’hui fermée.
Certes, cette version ne sera jamais considérée comme la meilleure, mais elle n’est pas si médiocre qu’on veut bien le dire, ou l’écrire.
Il faut bien se rendre que ce n’est pas du disney, dans le sens où rares sont les autres studios à être aussi méticuleux dans le dessin et l’animation à cette époque tout du moins. Une curiosité à voir au moins une fois.