Films

Le film d’horreur sacrifié en salles : Saint Maud, le film de fausse nonne mystique

Par Judith Beauvallet
15 juin 2024

La réalisatrice britannique Morfydd Clark tient le haut de l’affiche.

Saint Maud est à la fois un film maudit et béni. Maudit, parce qu’après un début de carrière au Festival international du film de Toronto en 2019 et son sacre à Gérardmer en 2020, la distribution du film s’est prise le COVID en pleine figure, et sur le sol français, après avoir été maintes fois repoussée, sa sortie en salles fut tout simplement annulée et remplacée par une sortie en VOD. Mais béni aussi, parce qu’en plus du Grand Prix à Gérardmer, le film n’en fut pas moins multirécompensé aux BAFAs, aux London Film Critics Circle Awards et autres. Pour un premier film, c’est plutôt pas mal.

Avec Morfydd Clark (qui a explosé depuis grâce à la série Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir) et Jennifer Ehle (l'Elizabeth Bennet de l’Orgueil et Préjugés de la BBC) au casting, Saint Maud raconte l’histoire d’une jeune infirmière à domicile aux tendances mystiques. Chargée de prendre soin d’une ancienne gloire de la danse aux portes du trépas, Maud voit en sa tâche l’occasion de prouver sa dévotion à Dieu, et ce par n’importe quels moyens. Retour sur ce qui fait du premier film de Rose Glass l’une des plus belles perles horrifiques de ces dernières années.

De l'art d'effrayer rien qu'avec un papier peint

Saint Maud-ite

Comme chaque film fantastique qui se respecte, Saint Maud fait tout pour ménager la possibilité d’une double lecture rationnelle ou surnaturelle, surtout lors de son final embrasé. Prenant la religion pour sujet d’étude, le film ne fait ni plus ni moins que questionner l’existence de Dieu. La réfuter, la prouver… ou un peu des deux. C’est par la petite lorgnette de l’esprit dérangé de Maud que Rose Glass va interroger la manière dont la croyance agit sur les individus : quel est le premier de l’œuf ou de la poule, de la foi ou de la folie ? Toutes ces thématiques sont posées dès la première séquence.

Silencieuse, assise dans le coin d’une salle d’hôpital sombre, Maud a les mains en sang. Sur la table d’opération, un corps inerte penchant vers le sol. Cet instant suit-il une tentative désespérée de sauver une vie, ou un assassinat ? Maud trouve sa propre réponse : sur le plafond sale se promène un cafard, qu’elle se met à observer avec intensité et émerveillement, littéralement comme si elle avait vu Dieu. Est-ce que Dieu et son pouvoir peuvent s’incarner dans la moindre créature, même la plus vile, pour guider les âmes perdues ? Ou est-ce que ces âmes perdues seraient capables de se perdre dans le mensonge de Dieu au point de vénérer un vulgaire insecte ?

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