50% satire. 50% action. 100% inégale. La saga RoboCop, issue du film de Paul Verhoeven, mérite qu’on s’y attarde. On a pris l’excuse du classement.
La loi, c’est lui. Et il ne s’agit pas de Judge Dredd, mais de ce bon vieux RoboCop, personnage devenu instantanément une grande figure de la pop culture et un symbole de l’ambiguïté de la satire hollywoodienne. Du long-métrage de Paul Verhoeven jusqu’au remake de 2014, accueilli très fraichement, la franchise comporte quatre films officiels, qu’on a décidé de classer, du pire au meilleur. Bien sûr, c’est juste une excuse pour revenir sur tous les opus, chacun ayant ses particularités et ses anecdotes de production.
Et c’est sans compter les téléfilms, séries live et animées ou même adaptations diverses, que nous n’incluons pas dans cet article. En revanche, il en est question dans notre premier épisode du podcast La Réu’, dédié au super-Flic et à son univers, sous toutes ses formes. Et ça ne coûte même pas un dollar.
4. Robocop 3
- Sortie : 1993
- Durée : 1h44
- Budget : 22 millions de dollars
- Box-office : 10 millions
Il fait quoi RoboCop dans RoboCop 3 ? Fini Detroit, devenue trop insécuritaire et surtout trop peu rentable. L’O, sous l’influence de méchants capitalistes japonais, entreprend de raser la vieille ville pour construire Delta City. Afin de mater la révolte, RoboCop est reprogrammé, mais il finira par redre les insurgés et leurs marmots pour botter le cul de l’O et de ses nouveaux propriétaires.
Pourquoi RoboCop 3 est probablement le pire ? Robocop 3, c’est d’abord une occasion manquée. Celle de Frank Miller, scénariste avide de recaser ses idées pour RoboCop 2. Mais ce n’est toujours pas du goût du studio, qui commet enfin la faute la plus impardonnable et plante le dernier clou du cercueil de la licence en réduisant la dose de violence pour obtenir le sacro-saint classement PG-13 auprès de la MPAA. Un comble, quand on sait que le premier avait du subir des coupes ne serait-ce que pour décrocher un R.
Ah oui, il y a cette scène aussi
Cerise sur le gâteau en train de pourrir : Peter Weller préfère s’embarquer dans l’aventure surréaliste Le festin nu pour Cronenberg (on le comprend), plutôt que de renfiler l’armure. C’est le Robert John Burke de Simple Men qui le remplace au pied levé, et dans des circonstances difficiles. Et les soucis financiers d’Orion n’arrangeront pas la distribution. Bref, sur le papier, Robocop 3 n’a pas grand-chose pour lui. Et sur pellicule, à peine plus.
En amenuisant la violence et simplifiant des enjeux que la première suite avait miraculeusement réussi à reconduire, le film finit par prendre complètement le contre-pied des thématiques originales, voire à devenir exactement ce que Neumeier, Miner et Verhoeven parodiaient. À savoir un divertissement pour gosses qui fait mine de dénoncer, mais qui perpétue à peu près tous les biais les plus déplorables du cinéma américain d’action. Non seulement l’apparition des Japonais renvoie à un exotisme un peu malsain, mais en faisant de Murphy un résistant é la moitié du récit, il dépossède le personnage de son ambiguïté une bonne fois pour toutes.
Reste donc une grosse série B pleine à craquer de dérapages improbables, comme cette séquence hallucinante où une petite fille pirate un ED-209 une demi-seconde avant qu’il n’oblitère sa petite famille, avec le sourire s’il vous plait. Impossible de ne pas mentionner également les robots-ninja, renvoyant directement aux obsessions kitschissimes de la Cannon – vous savez, cette firme adversaire d’Orion dont le logo était pastiché par celui de l’O.
3. Robocop (2014)
- Sortie : 2014
- Durée : 1h57
- Budget : 100 millions
- Box-office : 242 millions
Il fait quoi RoboCop dans RoboCop (le remake) ? Alex Murphy se fait une nouvelle fois tuer (cette fois par une explosion de voiture) avant d’être transformé en super-flic robot par une corporation pas bien gentille. La différence, c’est qu’il est conscient d’être dans une machine.
Pourquoi le remake de RoboCop est une occasion manquée ? Reprendre un classique de Paul Verhoeven a rarement été une bonne idée. Total Recall l’avait déjà prouvé avec toute l’inanité d’un projet lisse et opportuniste, dépourvu de la sève satirique de son modèle. José Padilha (Troupe d’élite) n’a pas manqué d’exprimer son mécontentement sur les réseaux sociaux pendant la production d’un film saboté par ses producteurs.
Pourtant, RoboCop version 2014 ne manque pas d’idées, à commencer par sa reprise des ages télévisés du film original, cette fois synthétisés par l’émission d’un Samuel L. Jackson tendance Alex Jones. On sent même Padilha investi par la modernité de son sujet, qu’il confronte à ces nouveaux héros ultra-libéraux de la Silicon Valley pour mieux tacler leur image de génies avant-gardistes (ce que tous les blockbusters ont repris depuis quelques années).
De ce point de vue, RoboCop semble par instants se poser les bonnes questions, comme lorsqu’il décide de se détourner du premier film pour montrer un Alex Murphy conscient de sa condition de cyborg. Rien que pour la scène glaçante où le personnage se fait effeuiller de son corps robotique, on aurait presque envie de sauver ce projet aussi attachant que malade.
Hollywood en pleine création de blockbuster
Le problème, c’est que toute cette théorie autour de la reproductibilité technique des héros (qui donne lieu à quelques beaux plans dans l’usine qu’essaie de fuir Murphy) est vite foutue en l’air par la pratique. RoboCop s’éloigne de Verhoeven pour mieux y revenir, quitte à forcer le carré à rentrer dans le rond. Sa dimension de polar est vite décontenancée par son rythme faillible, et par son final chiant comme la mort, énième climax de blockbuster pétaradant à base de CGI sans âme. Le soufflet retombe bien vite, mais comme son protagoniste, on perçoit les restes d’une humanité touchante derrière sa programmation trop contrôlée.
2. Robocop 2
- Sortie : 1990
- Durée : 1h50
- Budget : 25 millions
- Box-office : 45 millions
Il fait quoi RoboCop dans RoboCop 2 ? Pendant que RoboCop essaie d’arrêter un trafic de drogue, l’O cherche à créer RoboCop 2, pour assurer la relève. Après avoir essayé de reprogrammer RoboCop pour en faire un gentil bouffon, ils abandonnent et tentent une expérience. À la fin, RoboCop affronte un prototype de RoboCop 2 devenu incontrôlable. Il gagne. Mais l’O aussi.
Pourquoi RoboCop 2 est l’un des meilleurs ? Parce que c’est un petit miracle. Bien sûr, RoboCop 2 est d’abord une histoire de business, et porte donc tous les problèmes d’une telle opération : le premier scénario écrit par Edward Neumeier et Michael Miner, sous-titré The Corporate Wars, a été abandonné ; le réalisateur Tim Hunter a quitté le projet trois mois avant le début du tournage pour être remplacé par Irvin Kershner (L’Empire contre-attaque) ; et le scénario de Frank Miller a été largement réécrit avant, pendant et après le tournage.
RoboCop 2 était une machine de guerre, avec une date de sortie programmée, et tout le reste devait suivre. En théorie, c’était donc la recette du désastre, sauf que le film a intégré ces paramètres pour devenir une satire savoureuse, car extrême. Quand le comité d’O discute de RoboCop qui est trop violent pour les enfants et qui inquiète les parents, c’est évidemment du film lui-même qu’ils parlent.
Quand les prototypes ratés du projet RoboCop 2 défilent dans un sketch grotesque, et que le patron hurle qu’ils ont perdu 90 millions de dollars, c’est évidemment un pied de nez au développement chaotique du film. Et difficile de ne pas voir dans ce RoboCop-bouffon reprogrammé une réponse aux questions de classification pour la sortie cinéma, qui avaient notamment été un vrai sujet sur le premier film.
RoboCop 2 déborde ainsi de malice. Des publicités hilarantes (la crème solaire édition Na’vi) aux antagonistes (l’enfant-guerrier, la psy déglinguée, le boss qui arrive à la mairie décorée de drapeaux légèrement nazis), en ant par l’intro géniale (l’effet domino de la violence, digne d’un cartoon), le film respire l’intelligence parce que tout le monde semble conscient de ce qui se e avec cette saga en devenir.
Et même sans plonger dans cette analyse meta ionnante, RoboCop 2 reste un pur plaisir. Les effets de Phil Tippett, Rob Bottin et Peter Kuran sont fantastiques, et le film aligne les images mémorables (RoboCop démembré et en morceaux, l’opération de Cain). Le gros RoboCop 2 offre un duel réjouissant qui joue avec les codes du film de kaiju (la présentation du colosse dans une miniature de ville) ou d’horreur (la cage d’ascenseur qu’il remonte tel un monstre). Généreuse et particulièrement bien menée, aussi drôle que spectaculaire, RoboCop 2 est un peu la suite parfaite… née dans les plus imparfaites conditions.
1. Robocop
- Sortie : 1987
- Durée : 1h42
- Budget : 13 millions
- Box-office : 53 millions
Il fait quoi RoboCop dans RoboCop ? Dans un Détroit gangréné par le crime, un grand conglomérat militaro-industriel baptisé l’O utilise un flic mort appelé Murphy pour créer un robot chargé de faire respecter la loi : RoboCop. Alors qu’il tente de recoller les morceaux de son é, RoboCop utilise son nouvel arsenal et son nouveau corps pour se venger de ceux qui l’ont tué et dévoiler les malversations de l’O, qui s’en sort malgré tout.
Pourquoi RoboCop est le meilleur ? Parce que c’est le film originel qui a permis à tous les autres de la saga d’exister, mais surtout parce que sa naissance, son histoire, son succès et son héritage sont aussi improbables qu’impressionnants. Tout est parti d’une idée, inspirée des comics, d’un super-flic entre l’homme et la machine et d’un scénario de science-fiction satirique écrit par Edward Neumeier et Michael Milner, que Paul Verhoeven a refusé deux fois avant de changer d’avis. Il a bien fait.
En apparence, RoboCop ne ressemble qu’à un film d’action creux et violent, avec un héros « 50% homme, 50% machine, 100% flic » comme le décrit si subtilement l’affiche. Mais, rapidement, derrière les fusillades, les effets clinquants et le titre douteux, apparaissent une satire enragée et une critique acérée du consumérisme et du capitalisme, thème de prédilection du hollandais violent fraichement arrivé à Hollywood pour tirer sur tout ce qui bouge.
Sur un ton cynique et foncièrement méchant, le réalisateur critique tous les éléments constitutifs du monde contemporain avec une dérision permanente, dans des actualités et des publicités aussi alarmantes qu’absurdes ou en démarrant son film par le massacre sanglant d’un exécutif lors d’un essai raté du dernier robot conçu pour faire régner la loi dans les rues. Dans un Détroit dystopique et glacial, déjà ruiné avant sa réelle faillite, où les grandes compagnies contrôlent tout, y compris les pouvoirs publics, le cinéaste donne naissance à un univers dystopique inquiétant et visuellement impressionnant, mais aussi à un personnage mythique, destiné à entrer dans la culture populaire.
Au croisement entre Terminator et Judge Dredd, RoboCop est un Frankenstein du futur, une réinvention bizarre du mythe de Prométhée dont les souvenirs du é entraveront les plans de robot obéissant et dénué d’émotion développés par l’O. Cette quête d’identité effacée que poursuit ce personnage de chair et de métal constitue toujours une des forces du film, amenant avec elle l’éternelle réflexion autour de l’âme d’une machine, qui continuera d’être explorée de différentes façons dans les suites et le remake.
Encore aujourd’hui, RoboCop reste un monument de science-fiction et de cinéma qui prend le spectateur et l’embarque dans un spectaculaire chef-d’oeuvre de violence et de satire.
C’est marrant que vous parliez de Prométhée dans l’article, car dans le scénario original Robocop revenait chez lui et seul son chien le reconnaissait, Verhoeven as modifié la scène avec la maison vide car il trouvais ça trop sentimental.
tout à fait d’accord avec votre classement !
Et perso, je défend aussi (un peu) le reboot, qui avait quand même quelques bonnes idées.
Autant, j’ai adoré la trilogie mais le reboot, c’est une déception
A tous les fans de Robocop, je recommande fort le jeu vidéo Rogue City comme indiqué par @dutch : un gameplay très basique mais une histoire qui se suit avec grand plaisir (de mémoire ça se déroule peu après les événements de Robocop 2 et est canon dans la mythologie Robocop), beau graphiquement (Unreal Engine 5 oblige), et qui se finit en une petite quinzaine d’heures.
A noter qu’une suite sort cet été sur consoles et PC, Robocop Rogue City : Unfinished Business.
finalement le seul défaut de Robocop 1 est la scène finale ou plus précisément les FX lorsque le bad guy tombe de l’immeuble. Mon dieu, l’immondice…
A ce propos le jeu vidéo « Robocop rogue city » est à conseiller aux amateusr de la franchise et surtout des deux premiers films et doublé par Peter Weller en personne.
J’ai revu le 1 récemment et ça reste un chef d’œuvre…Verhoeven est comme un cuisinier qui sais parfaitement doser humour, ultra violence, drame…un film qui as failli ne pas se faire avec lui car il détestait le scénario jusque sa femme lui fasse une lecture et lui explique l’intérêt de l’histoire, tous les problèmes avec le costume :
Michael Ironside le 1er choix pour le rôle mais trop gros pour rentrer dans le costume, et bléssé sur le tournage du film » extrême préjudice » Schwarzenegger intéressé mais beaucoup trop balaise pour le rôle. Les deux seront dans Total recall plus tard.
Arrivé en retard ce qui as obligé Verhoeven à tourner toutes les scènes sans le costume en premier, puis quand le costume est arrivé, 10 heures en moyenne pour « l’enfiler » et un costume impraticable qui as du être encore modifié, Peter Weller pratiquant le marathon à l’époque qui était souvent sur le point de tomber dans les pommes à cause du poids et de la chaleur. Un costume ou on ne voyait rien (dans la scène du commissariat ou Robocop fait sa 1ère sortie, il attrape les clefs au vol et ça as demandé 50 prises).
Sinon d’accord avec ce classement.
J ai revu le 2 et une correction débile, c est que c est un projet a 19 millions, la somme est tellement ridicules aujourd’hui, la somme d endettement de la ville est aussi ridicule.
Toi je te nique.
J’aime Robocop 2, j’aime Franck Miller et ta mère, et je veux un film sur Robocop vs Terminator.
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 ryuzo
Arrête avec tes delires de versus débiles, on a vu ce que ça a donner avec les bouses de alien vs predator et les bouffoneries de freddy vs jason, stop aux massacres, si toi ça t’amuses de voir deux icônes être ridiculisée en se battant comme deux bouffons sur un ring de catch pas moi