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Dagon : et si c’était la meilleure adaptation possible de Lovecraft ?

Par Prescilia Correnti
7 décembre 2021
MAJ : 21 mai 2024
Dagon : photo

Lovecraft et le cinéma, c’est une histoire d’amour à double tranchant. Dagon est venu s'y frotter tant bien que mal et a prouvé que c’est un exercice difficile.

Il y a quelques années, Howard Philip Lovecraft était encore un écrivain assez méconnu. Seul un lectorat très ionné de littérature horrifique et de science-fiction connaissait ses écrits. Mais, depuis quelque temps, la donne a changé. Plus de 90 ans après qu'il a défini l'intrigue de L'Appel de Cthulhu, l'idée, les thèmes et la créature éponyme de ses histoires ont finalement atteint le grand public. Il a inspiré un nombre incalculable de nouvelles, de romans, de jeux vidéo, de films, de chansons et bien d'autres choses encore, tous créés par des écrivains et des artistes reprenant ses thèmes fondamentaux. Aujourd'hui, H.P. Lovecraft est devenu un pilier de l'horreur et de la pop culture. 

Pourtant, si H.P. Lovecraft est un peu le J.R.R. Tolkien de son domaine, l'écrivain n'a, à l'heure actuelle, toujours pas été adapté dans un film à gros budget. Ce n'est pas l'envie qui manque ni les cinéastes. Preuve en est avec Les Montagnes Hallucinées.

On peut alors se poser la question : malgré sa popularité fulgurante, pourquoi Lovecraft n'a-t-il connu aucune adaptation digne de ce nom ? Univers cosmique trop compliqué, lore trop riche et trop détaillé, ou manque d'imagination de la part des réalisateurs ? À cette question, il y en a un qui y apporte une réponse plutôt correcte et c'est Stuart Gordon. À ce jour, Dagon (2001) reste l'exemple parfait de la meilleure adaptation possible. 

 

Dagon : photo "Je suis prêt à affronter Cthulhu"

 

D’INNSMOUTH À IMBOCA

Stuart Gordon a toujours voué un amour inconditionnel envers l’écrivain. De Re-Animator (1985), en ant par L’Au-delà (1986) ou encore Castle Freak (1995), le cinéaste n’est pas étranger à l’univers lugubre et psychédélique de Lovecraft. C’est sans doute son immersion déjà bien entamée, et réussie, au coeur de ses précédentes réalisations, qui lui a permis de renforcer et adapter au mieux Dagon.

De la mise en place du décor, à la minutie apportée aux détails en ant par l’aspect old-school très gore du long-métrage et les thèmes mis en place, Dagon est clairement la meilleure incursion possible dans l’oeuvre de Lovecraft. On pourrait aller jusqu'à dire que ce n'est pas de l'"horreur lovecraftienne", c'est du Lovecraft. Mais pourquoi ?

 

Dagon : photoQuand tu vois la fin d'année arriver 

  

Notons en premier lieu que Dagon n'est pas adapté de la nouvelle éponyme mais plutôt d'une autre nouvelle, bien plus populaire, Le Cauchemar d'Innsmouth. À cet effet, et pour correspondre au lieu de tournage situé en Espagne, le nom du petit village où se déroule l'intrigue e d'Innsmouth à Imboca. Et ses habitants quant à eux, deviennent ce qu'on appelle des Imbocans. er outre ce petit changement technique, Dagon pioche dans absolument tous les thèmes horrifiques que l'on retrouve dans la nouvelle. 

Bien qu'un peu plus atténué par rapport au récit, on retrouvera le plus important et le plus répugnant d'entre eux, l'horreur du métissage. Dans l'histoire originale, les habitants d'Innsmouth sont utilisés comme stock de reproduction pour les "Deep Ones", une race humanoïde de créatures marine avec des plans sur la comète pour conquérir le monde de la surface. Lovecraft ne perd jamais une occasion de dépeindre un groupe de personnes comme étant "inférieur" aux autres.

Bien que cette idée soit toujours présente dans Dagon, elle est minimisée à juste titre, attribuant l'accouplement au dieu-poisson lui-même, et non à l'œuvre d'une race entière de créatures. À cet effet, Stuart Gordon semble parer sagement les attitudes racistes de Lovecraft, en se concentrant sur la terreur de l'héritage génétique plutôt que sur les relations interraciales.

 

Dagon : photo Un prêtre pas du tout flippant

 

Cette terreur de l'ascendance est étroitement liée à la fascination de Lovecraft pour le destin. Dans Le Cauchemar d'Innsmouth, le protagoniste principal apprendra à ses dépens qu'il est étroitement lié à la race des Deep Ones présente sur l'île. Dans Dagon, l'idée est quelque peu arrangée puisque Paul décidera de ne jamais céder aux avances incestueuses de sa soeur Uxia (Macarena Gomez). Dans les deux cas, rien de ce que peuvent faire les deux héros n'a d'impact sur leur futur. Celui-ci semble déjà tracé, écrit, fait. Comme si une mystérieuse "main" extraterrestre avait déjà tout organisé. 

Dans Dagon, Paul essaie de remédier à la situation et d'y échapper, à l'instar du personnage, mais chacune de ses actions le ramène inéluctablement vers sa destinée. Stuart Gordon illustre à merveille cette sensation d'oppression et de fuite que l'on retrouve dans la nouvelle. La caméra suit, à travers les rues étroites et lugubres, Paul qui essaie d'échapper aux Imbocans. Il se tapit dans les recoins les plus putrides et nauséabonds de la ville jusqu'à rencontrer l'homme, Ezequiel (Francisco Rabal), qui lui racontera toute la vérité à propos des origines du village. 

Dans les écrits de Lovecraft, comme dans le film, on comprend que lutter est impossible : la ligne du destin est déjà tracée.

 

Dagon : photoL'homme au costume noir

 

La dernière grande métaphore de Lovecraft se trouve dans ses divinités extraterrestres. Lovecraft nous fait comprendre comment la technologie peut être incroyablement précieuse pour la société, mais, tout comme ses divinités qui sont "incalculablement supérieures à nous - physiquement, intellectuellement, et surtout esthétiquement", la technologie ne peut être mise à notre service. 

Le réalisateur nous le fait comprendre ici grâce au personnage de Paul. Au lieu d'avoir un jeune étudiant fasciné par l'art et les reliques, avide de curiosité, nous avons plutôt affaire à un nerd qui ne décroche jamais de son ordinateur. Chose que sa petite-amie, Barbara (Raquel Merono), essaie de lui faire réaliser lorsqu'elle balance son ordinateur dans la mer dans les toutes premières minutes de l'introduction. Un accro à la technologie, même durant ses vacances et qui apparaît comme très condescendant dans ses échanges avec la plupart des autres personnages du film. 

 

Dagon : photoC'était pas le meilleur moment

 

Enfin, la retranscription presque limpide de la ville d'Innsmouth est le dernier point positif de Dagon. Imboca paraît aussi putride, sale et infecte qu'on se l'imagine dans la nouvelle. L'atmosphère anxiogène et angoissante du long-métrage rajoute un petit peu à cette sensation claustrophobe. Le village lui-même est presque un personnage à part entière, et ajoute une forte dose d'atmosphère terrifiante avec des bâtiments aux extérieurs délabrés et des pièces intérieures qui semblent ne pas avoir été nettoyées depuis les années 1950.

Dagon est un film de Lovecraft de bout en bout. Rempli de références à son célèbre mythe de Cthulhu, il se termine même par une scène qui donne le frisson, accompagnée d'une citation du maître lui-même : "Nous plongerons dans les abîmes noirs... et dans l'antre des profonds, nous vivrons éternellement dans la merveille et la gloire."

 

Dagon : photoUn petit bisou

 

DE L’AMOUR À LA HAINE 

Malheureusement, Dagon n’est pas parfait. Sinon, on ne ferait qu’en parler partout. Le long-métrage dénote quelques gros problèmes techniques à commencer par le manque de budget. Si la somme totale allouée à la réalisation n’a jamais été dévoilée, on peut se douter qu’elle n’a pas été astronomique.

Les effets numériques sont bon marché. Horriblement bon marché même. La CGI est totalement aux prunes et les quelques tentatives d’inclure des tentacules morbides et terrifiantes sont totalement loupés. Cependant, le maquillage, le trash et le côté gore qui a été créé physiquement sont sacrément beaux à voir. Le problème, c'est qu'il y a tellement d'écarts de qualité entre les effets pratiques et les effets numériques abyssaux que le film est coupé en deux dans son montage. C'est même par moment assez déroutant. Surtout quand les deux sont utilisés dans des moments très rapprochés.

 

Dagon : photoMieux vaut ne pas savoir ce qui s'est é 

 

De même, le jeu des acteurs est assez soporifique. Il n'y a pas de quoi s'extasier, et une grande partie du film est vraiment ringarde. Macarana Gomez, celle qui campe la grande prêtresse Uxia, surjoue à faire pâlir lorsqu'elle est au mieux de sa forme. Erza Gordden n'est malheureusement pas mieux loti et ne dénombre que de très peu d'atouts dans sa manche pour nous faire vibrer.

La prestation globale plutôt médiocre des acteurs est également accentuée en grande partie par la qualité très mauvaise du doublage. Il s'agit d'un film espagnol et une grande partie des dialogues a dû être doublée pour la sortie vidéo américaine. Habituellement, le doublage des films en espagnol n'est pas trop gênant, mais certaines scènes semblent ici très désynchronisées.

Malgré tout, Dagon démontre que le cinéaste est toujours fidèle à ses racines d'artisan du petit budget et de l'exploitation, mettant la majorité de son argent sur l'écran par le biais d'effets de créatures, de maquillage, de conception de production... Il comporte des scènes souvent tournées dans un brouillard bleu-gris qui augmente le facteur de peur, avec des décors et de gros plans qui révèlent une attention particulière aux détails. Il y a beaucoup de nudité, d'excellents effets pratiques et une forte (forte) dose de gore. Dans l'ensemble, Gordon nous offre un film ionnant et bien ficelé.

 

Dagon : photoSirène le retour 

 

LOVECRAFT, INADAPTABLE ?

Malgré toutes les bonnes notes et intentions du réalisateur et bien qu'il ait reçu des critiques plutôt positives, la sortie limitée Dagon en salles a été un échec total (145 000 dollars de recettes dans le monde). Le succès qu'il a pu rencontrer étant dû à plusieurs courtes sorties en DVD et aux fans qui ont réussi à démontrer tout leur amour pour le long-métrage. 

Une question légitime peut alors se poser. L'univers de Lovecraft est-il impossible à adapter au cinéma ? Et si oui, pourquoi ? Est-ce dû à un manque de budget pour les effets spéciaux, à un matériel d’origine trop compliqué ou tout simplement parce que c’est un exercice trop périlleux ? 

 

Dagon : photoL'amour de ta vie t'attend

 

Ironiquement, les fans sont l'une des raisons du manque de succès de Lovecraft à l'écran. Ses histoires n'ont vraiment été découvertes que quelques décennies après sa mort. Les amoureux et amoureuses de ses récits sont principalement issus de la communauté de l'horreur pure et dure, de la communauté universitaire et de la communauté des jeux de rôle.

Malheureusement, aucun de ces groupes ne semble avoir beaucoup de succès au box-office. Underwater, dernier film en date à (très) forte inspiration lovecraftienne, n'a fait "que" 40 millions de dollars de recettes au box-office mondial. Nous avons également The Endless, film d'horreur mettant en place de nombreux thèmes et idéaux à la Lovecraft (secte, le cosmos et la folie), qui a rapporté uniquement 956 000 dollars au box-office mondial.

La Couleur tombée du ciel, sorti en 2019, adaptation de la nouvelle éponyme et marquée au fer rouge de la marque Lovecraft, illustre également le propos. En raison de son étrangeté, le film ne connait qu'une sortie mineure dans les salles et a terminé sa course au box-office avec 1 million de dollars. De ce fait, les studios de production deviennent très frileux à l'idée de financer un gros film qui ne marchera pas à la hauteur de leur exigence.

 

Dagon : photoSponso par Optic 2000 

 

À un niveau beaucoup plus large, les histoires de Lovecraft ne sont pas racontées de manière très structurée, elles sont extrêmement introverties et ne révèlent jamais vraiment les monstres dont elles parlent. Chez Lovecraft, tout laisse place à l'imaginaire et mieux vaut en avoir un coriace pour pouvoir s'immerger pleinement dedans. À la page, cela permet de créer un sentiment de paranoïa et d'effroi, mais c'est presque impossible à reproduire à l’écran.

La preuve la plus flagrante vient du projet quasi abandonné des Montagnes Hallucinées. Depuis 2006, Guillermo del Toro nourrit précieusement un scénario adaptable sur grand écran de la nouvelle éponyme. Pourquoi ? Pour les mêmes raisons évoquées plus haut. Warner ne souhaite sans aucun doute pas débourser plus de 150 millions de dollars pour un film de niche.

 

Dagon : photoPourquoi la vie ?  

 

Dans l'ensemble, Lovecraft sera toujours presque impossible à adapter. C'est un univers fourni, compliqué, bizarre, qui n'existe à la perfection que dans la tête de son créateur. L'étrangeté de son lore cosmique devient alors une épreuve du combattant à retranscrire idéalement à l'écran. En réalité, même le plus grand des cinéastes ne pourrait pas le faire. La beauté de ce que Lovecraft a construit est bâtie autour de cet imaginaire déluré que chacun est libre de s'approprier à sa manière. D'un côté, on pourrait dire qu’adapter Lovecraft c'est gâché. 

Au mieux, son fantôme planera tout autour et nous aurons des films comme Hellboy avec une influence Lovecraftienne, The Lighthouse, The Endless, Annihilation ou encore Event Horizon - Le vaisseau de l'au-delà. C'est à dire des oeuvres matures, avec des héros torturés en proie à la folie (la plupart du temps), convaincus d'être la cible d'une race extraterrestre enfouie et endormie sous terre ou dans l'espace. 

Lovecraft est un auteur de grandes histoires, de monstres d'un autre monde, de choses qui nécessiteraient beaucoup d'argent pour être transposées au cinéma. Il est difficile d'imaginer que des projets ionnels à gros budget comme Les Montagnes Hallucinées puissent un jour voir le jour comme les réalisateurs le souhaitentNotre (seule?) chance de voir un jour une adaptation digne de ce nom ne réside peut-être pas dans le cinéma, mais dans les jeux vidéo façon Call of Cthulhu ou The Sinking City.

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Crashtest
Crashtest
il y a 3 années

Sympa le dagon j’ai bien aimé moi, juste dommage le côté un peu  »humour » du film. Et cette brune moi je plonge direct avec elle !
J’ai pas vu la couleur ds le meteore je vais rattraper ça, c’est l’une de mes nouvelles préférée.

Pat Rick
Pat Rick
il y a 3 années

De mémoire, ce film était plus raté qu’autre chose.

quel nanard
quel nanard
il y a 3 années

Vu Dagon il ya qlq années, et mon dieu j’ai trouvé ça affreux, un sacré nanard pour moi. Et pourtant je suis fan du genre, vu tous les films cités ici entre autres. Je me suis forcé à voir jusqu’au bout, mais c’était dur.

Rec
Rec
il y a 3 années

Il y’a Underwater qui nous propose une approximation et une belle apparition de Cthulhu, mais effectivement il y’a pas eu meilleur que The Thing…

ND
ND
il y a 3 années

@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Ayama Freeman
Complètement d’accord avec the thing de Carpenter. Même si c’est un remix des montagnes hallucinées et du film original.

J’espère que Del Toro y arrivera (et si un réal peut y arriver c’est bien lui, j’ai vraiment aimé la forme de l’eau). Mais entre nous on sait tous que les montagnes halucinées sont inadaptable en l’état. Comme tout récit Lovecraftien.

Par exemple the thing c’est exactement tout ce que Lovecraft ne décrit pas dans les montagnes hallucinées (l’attaque du camp). Voilà le génie du mec. Il arrive à influencer une autre oeuvre et plein d’autres en réalité, tout en étant lui même indissociable du format écrit. Car la plupart de ses romans sont écrits comme des témoignages, gavés de sentiments, de réflexions, de descriptions et d’impressions. Mais de peu d’actions au final. Et surtout de beaucoup de zones d’ombre.

Lovecraft test un écrivain de l’introspection. Le cinéma c’est l’extraversion ultime. Ca ne colle pas. C’est presque ridicule à un moment donné. Mais si un jour un génie arrive à adapter du Lovecraft de manière non ridicule, je serrais el plus heureux des hommes. Arf Del Torro pourquoi pas … j’ai envie d’y croire. Vraiment. Mais dieu qu’il va y avoir du taf d’adaptation.

ND
ND
il y a 3 années

Si c’est ça le meilleur on a un souci. Et puis non ça n’est pas non plus l’adaptation du cauchemar d’Insmouth.

Comme dit dans certains commentaires la couleur venue du ciel est l’une des adaptations les plus proches et les moins bancales. Et c’est un raté.

Je pense que Lovecraft est simplement inadaptable. Et je m’en réjouis au final. Lovecraft ça se li et ça se vit. Ca ne se voit pas. J’aime cette idée.

Numberz
Numberz
il y a 3 années

@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Freeman.

Officieusement je suis d’accord. Officiellement, c’est autre chose. ^^
J’aurais rajouté a ta liste le sous estimé et barré la cabane dans les bois.

Sinon j’ai aussi apprécié la couleur avec Cage, et effectivement sauf la fin.

Ayama Freeman
Ayama Freeman
il y a 3 années

Meilleurs adaptations de l’univers de Lovecraft au cinéma ? Pour moi : Alien de Ridley Scott, the thing et l’antre de la folie de John Carpenter, la forme de l’eau (en plus poétique) de G. Del Torro et en effet la couleur tombée du ciel était pas mal du tout. Le court métrage amateur muet en noir et blanc de L’appel de Cthulhu, vaut le détour aussi.

loki
loki
il y a 3 années

Personnellement j’ai beaucoup apprécié « La couleur tombé du ciel » avec Nicolas Cage. Le seul bémol c’est le black qui survit a la fin car Lovecraft était très raciste.

Numberz
Numberz
il y a 3 années

Dagon, c’est le truc animé avec le môme viking non?