everyday night fever
Dans Queer, une phrase de Lee (superbe Daniel Craig) prononcée à l’égard d’Allerton (magnétique Drew Starkey) revient régulièrement : « Je veux te parler… sans rien dire ». Lors de plusieurs séquences, le personnage de Lee fantasme de caresser le visage, sentir la nuque… d’Allerton, ses envies transgressant les lois de la physique et se détachant de son corps un bref instant grâce un effet de surimpression à l’écran. L’une de ses scènes se déroule d’ailleurs dans un cinéma, devant Orphée de Jean Cocteau au moment même où le poète traverse un miroir censé lui permettre de retrouver sa femme morte.
Ces deux éléments (la phrase et la surimpression) sont peut-être ceux qui encapsulent le mieux toute la magnificence du film de Luca Guadagnino. Queer raconte en effet l’histoire de William Lee, écrivain américain junkie qui mène une vie désabusée dans le Mexico des années 50. Il erre dans les bars et cafés gays, jour et nuit, multipliant les rencontres, les beuveries alcoolisées et prises de stupéfiants… jusqu’à ce qu’il tombe sur Eugene Allerton, dont la beauté, la jeunesse et le côté énigmatique vont l’attirer dans ses filets.

Dans le premier chapitre du film (découpé en trois parties), Luca Guadagnino suit donc leur errance respective, les approches ridicules de Lee, sa détresse émotionnelle et son absolue obsession pour Eugene, non réciproque. Avec un spleen enivrant, magnifié par la BO du duo Reznor-Ross (Pure Love, Wouldn’t You ?), l’utilisation de certains tubes (All Apologies de Nirvana par Sinead O’Connor) et surtout une direction artistique phénoménale (les décors de Stefano Baisi, la photo de Sayombhu Mukdeeprom), Luca Guadagnino filme une nouvelle fois le désir (et le sexe) comme personne.
Toute la carrière du cinéaste consiste à conter (entre autres) les tentations de ses personnages, à l’image du trio de Challengers, du quatuor de A Bigger Splash ou de son sublime duo dans Call Me by Your Name. Dans ce dernier, il parlait plus précisément d’un amour romantique, ce qui semble également le cas de Queer dans un premier temps avec la naïveté de Lee, sa peine de cœur naissante mais aussi ses ébats intenses et torrides avec Eugene.

SEXE, DROGUE et télépathie
Sauf qu’en vérité, Luca Guadagnino peint plutôt l’origine d’un amour toxique avec son adaptation très libre du livre de William S. Burrhoughs. Quoi de plus logique finalement, au vu de la bifurcation progressive de Queer vers un terrain psychédélique, que le récit s’emballe et délaisse sa romance érotique pour une exploration de l’addiction à toutes les échelles. La langueur, si elle est mélancolique et rêveuse dans le premier chapitre, se mue en dépérissement des corps, des attirances et des fantasmes dans le second.
Si tout était réel (ou palpable) dans les motels de Mexico malgré l’ambiance onirique de la ville, ce voyage au fond de la jungle sud-américaine à la recherche du yagé (ou ayahuasca) ne viendra que confirmer la superficialité de leur ion vouée à l’échec. Le film d’amour sensuel et bouillant (cette scène de sexe ultra-explicite entre Lee et Allerton à Mexico) laisse place à une expérience de cinéma hallucinatoire, où les corps fusionnent sous l’effet de psychotrope jusqu’à en vomir.

La séquence en question surprendra et divisera largement vu la folie qu’y injecte Luca Guadagnino, pourtant, elle vient justement concrétiser tous les enjeux initiaux de l’histoire. Cet amour a été recherché et espéré, leur songe télépathique exaucé, mais leur union physique et absorption mutuelle n’a fait que révéler les vrais sentiments de chacun, incompatibles. Car Queer n’est pas tant une histoire d’amour impossible que le récit d’âmes en détresse.
Deux hommes écrasés par la honte (leur homosexualité bien sûr, surtout à cette époque), l’angoisse de ne jamais être aimé et la terrible appréhension d’une mort solitaire dans un monde les ayant déjà violemment isolés. En résulte une œuvre bizarre, troublante et poignante, dont l’épilogue abscons aux réminiscences du final de 2001, L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (la vieillesse, les couleurs, l’espace-temps insaisissable), divulgue le pouvoir intemporel de cette ballade furtive, mais inoubliable. Vertigineux.

Pas d’accord avec cette critique. C’est beaucoup trop long !
Le film se perd à accumulait les pistes.
On ne comprend le but du film que dans sa dernière partie. Une histoire non pas d’amour impossible mais d’amour non réciproque.
Mais entre temps, on doit se farcir l’addiction du perso de Craig, avec scène de sevrage en prime, sans que ça n’ait aucune forme d’intérêt.
A défaut d’avoir pu l’imposer dans James Bond craig a enfin pu réaliser son fantasme
Film pédant qui n’a rien à raconter. Je ́parles pas de Daniel Craig qui en fait des caisses. Vu et vite oublié