not fun game
Il y a des films dont on ressort avec la désagréable impression d’avoir perdu son temps, pas forcément parce qu’ils sont terriblement mauvais, mais bien parce qu’ils sont complètement insignifiants. C’est le cas de Drop Game et on ne va pas cacher une légère déception puisque Landon est loin d’être un manche dans la série B mêlant l’horreur et l’humour avec des concepts intrigants (boucle temporelle dans Happy Birthdead ; changement de corps dans Freaky). Avec Drop Game, le cinéaste semblait encore sur la bonne voie pour nous offrir un amusant petit thriller.
Le pitch était prometteur avec Violet, jeune mère marquée par une ancienne relation toxique qui s’est renfermée sur elle-même et ne fréquente plus aucune homme depuis plusieurs années. Le film la suit donc le jour où elle franchit enfin le pas avec Henry (Brandon Sklenar), un photographe élégant rencontré sur une appli de rencontres. Les deux ont fixé un rencard dans un restaurant de luxe de Chicago, située au dernier étage d’un building… sauf que les choses vont évidemment mal tourner.

À peine le date commencé, Violet va recevoir des messages anonymes d’un inconnu présent dans le restaurant. Les messages sont de plus en plus étranges, jusqu’à ce que ce mystérieux interlocuteur lui fasse comprendre que son fils a été pris en otage. C’est le début du cauchemar pour Violet et, en théorie, c’est aussi le début du plaisir sadique des spectateurs avec le petit jeu parano sur les différents clients et potentiels coupables.
Sur le papier, Landon avait donc une jolie idée entre les mains. Il avait une sorte de thriller hitchcockien des temps modernes avec l’utilisation de la technologie moderne (AirDrop, caméra de surveillance, ordinateurs, carte SD…) en double huis clos très resserré et aux enjeux simples : d’un côté, Violet doit protéger sa famille, de l’autre, elle doit trouver le responsable des menaces et des meurtres sévissant dans le restaurant.

la grande esbrouffe
Ce pitch de soirée romantique infernale dissimulait, en toute logique, son lot de twists et rebondissements, et donnait donc envie d’oublier l’introduction poussive du film. Pas de bol, ce prélude franchement lent amorçait en vérité le rythme à venir du film et son absence pure et simple. Après les bases posées et la menace en place, Drop Game aurait dû monter crescendo dans les tours, son héroïne se trouvant face à une situation de plus en plus angoissante à gérer.
Malheureusement, Christopher Landon tire son intrigue en longueur de manière totalement artificielle uniquement pour enchaîner les faux rebondissements sans vraie conséquence. Résultat, le huis clos dans le restaurant tourne en rond et quasiment à vide, entre les aller-retours aux toilettes de Violet, les drops, les menaces, les faux-suspects, les blagues du serveur, les ages aux bars… Et ce ne sont pas les effets de style inutiles (les SMS sur l’écran en IMMENSE) et la mise en scène sans inventivité de Landon qui relèvent le niveau.

Au fur et à mesure, tout se met carrément en pilote automatique, le récit avançant ses pions sans vraie surprise jusqu’à ladite révélation. C’est à ce moment-là que Drop Game commence à devenir vraiment amusant. Bien sûr, on era outre les motivations du « méchant » tant elles sont tirées par les cheveux et n’apportent absolument rien à l’histoire. Idem concernant l’identité du suspect qui était presque trop évidente et arrive trop tardivement pour déclencher un vrai choc.
Cependant, en dévoilant qui menace Violet depuis le début, Landon libère enfin à son film de l’ennuyeux cadre du restaurant et bascule dans un grand-guignol plus volontaire et décomplexé, entre bagarres, effets de gravité, fusil de Tchekov habilement utilisé… Au milieu des grandes emphases ampoulées du film sur les violences sexistes et conjugales (sujet ô combien important mais très maladroit ici), ce souffle bourrin final est un petit plaisir de ridicule jubilatoire. Dommage que ce ne soit qu’une affaire de minutes avant le générique final.

ET UN FLOP DE PLUS 👇
HS mais les articles sont de plus en plus compliqués à lire sur mobile avec les pubs qui tronquent le texte sur iOS