En sortant de ce thriller historique mené tambour battant, on se pincerait presque pour être bien sûr que c’est l’auteur de Independence Day, Godzilla et autre 2012 derrière la caméra. Si on pouvait effectivement déjà déceler une réelle efficacité dans ses films précédents pour gérer des récits éclatés à multiples personnages, on ne l’avait encore jamais vu faire preuve d’une telle maturité narrative pour les faire exister humainement.
Prenant à bras le corps une histoire hors du commun au point de presque nous convaincre que les faits relatés se sont bien és, Emmerich joue la carte du conteur éclairé. Il soigne sa reconstitution historique au point de recréer un 17ème siècle londonien plus vrai que nature. Il prend son temps pour tisser une toile nébuleuse qui va, petit à petit, lier intimement (et le mot est presque faible) tous ses protagonistes. Il jongle avec les époques multipliant les allers-retours temporels pour densifier les querelles émotionnelles et créer une empathie envahissante pour des personnages ne sachant ou ne pouvant jamais choisir entre ce qu’ils sont et ce qu’ils aimeraient être ou faire. Il y a de l’élan romantique chez notre Emmerich ! Et il y a aussi un aspect érudit habile qui lui permet de ne jamais tomber dans le piège, pourtant immense, du Shakespeare pour les nuls comme l’avait fait par le é John Madden avec Shakespeare in love.
Bien sûr, le réalisateur ne résiste pas à quelques facilités concernant les clins d’œil à l’œuvre du dramaturge anglais mais il lui suffit de nous replonger dans son incroyable histoire d’amour impossible pour que son Anonymous redevienne ionnément tragique. Et offrir l’occasion à Vanessa Redgrave et Rhys Ifans d’interpréter des rôles mémorables, bien épaulés par une kyrielle de seconds rôles parfaitement dirigés.