Films

The Killer Inside Me : Critique

Par Didier Verdurand
8 août 2010
MAJ : 31 mai 2021

À l’heure où les meurtres sont souvent banalisés au cinéma, il était temps qu’un cinéaste vienne nous remuer les tripes avec le portrait d’un tueur. Et c’est le plus éclectique d’entre eux, Michael Winterbottom, qui s’est attelé à la tâche en s’attaquant à l’adaptation du roman de Jim Thompson, Le Démon dans ma peau. Kubrick disait de ce livre : « Ce récit à la première personne est probablement la plus effrayante et la plus crédible vision d’un esprit criminel dévoyé qu’il m’ait été donné de lire. » Le résultat à l’écran ne l’aurait probablement pas laissé de marbre non plus, grâce à deux artistes en état de grâce.

Photo Casey Affleck

Penchons-nous pour commencer sur Winterbottom (18 films ces 15 dernières années et pas que des bons). L’élégance de sa mise en scène ne fait qu’accentuer le malaise qui habite le film et plutôt que de proposer une série B de plus, il préfère livrer une analyse psychologique en profondeur d’un pervers qui n’en a pas l’air. Très rythmé au début pour aider le spectateur à rentrer dans cet univers qui ne nous est pas familier (le Texas des années 50), The Killer inside me prend ensuite son temps pour étudier son personnage si complexe. Lou Ford est un shériff adt qui a tout pour être heureux, ce qui lui donne des envies de meurtres. Lorsqu’il tombe amoureux d’une prostituée, il tombe aussi dans une spirale qui va réveiller des traumatismes d’enfance et qui va l’emmener à tuer.

 

Photo Casey Affleck

 

Sans dégoût malgré l’ultra-violence de ses actes. Avec plaisir, même. Les conséquences ne se font pas attendre et les soupçons qui vont se jeter sur lui appelleront d’autres meurtres ; Winterbottom montre avec un grand sens de la narration l’étau se resserrer autour de Lou. Un mot sur les deux scènes dont vous entendrez forcément parler tant elles sont répugnantes – deux femmes sont battues à mort et à mains nues. Loin d’être gratuites, elles sont essentielles à l’histoire. A partir de là, trouveriez-vous normal que dans un film sur un meurtrier, ses meurtres soient édulcorés ? Certains spectateurs quitteront la salle, comme ils étaient partis pendant la projection d’Irréversible. Il serait pourtant très réducteur pour ne pas dire crétin de réduire les deux heures de The Killer inside me à ces quelques minutes. La violence psychologique est clairement celle qui a le plus intéressé Winterbottom et qui rend son film si grand et riche dans son traitement. Seulement voilà, Lou devient un monstre quand il tue, et il fallait le montrer tel quel. Ce n’est pas beau à voir, du tout.

 

Photo Jessica Alba

 

Dure responsabilité pour son interprète principal qui porte tout le film sur ses épaules. Casey Affleck n’est pas une révélation pour autant. Nominé en meilleur second rôle dans le Mentaliste Simon Baker.

 

Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Vous voilà mis en garde. Ce Killer vous hantera, et pas seulement par sa violence graphique durant quelques minutes éprouvantes (j'insiste). Un meurtrier, ce n'est pas seulement un bad boy pourchassé par un Charles Bronson ou Mel Gibson. C'est surtout un homme qui vit parmi nous et qui n'a pas la gueule de l'emploi. C'est même un homme qui peut nous charmer. Sa complexité n'en est que plus fascinante. Vous ne sortirez pas indemnes et encore moins indifférents de ce Killer inside me, classique instantané du genre, pour de bonnes raisons.

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