Films

Eden Log : critique dans le trou

Par Thomas Messias
29 décembre 2007
MAJ : 26 août 2019

Une déception douloureuse, avec Clovis Cornillac.

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Dans vingt ans, Franck Vestiel sera peut-être devenu un cinéaste respectable, et l’on reverra patiemment sa première oeuvre pour réviser son jugement avec une mauvaise foi inébranlable. À la lumière d’une filmo irable, on reconsidèrera un Eden log dans lequel « apparaissent en filigrane les thèmes et obsessions chers au grand Vestiel » (© Écran Large, 2028). Malheureusement pour le réalisateur, Eden log est pour l’instant son unique long-métrage, et aucun miracle ne peut guère le sauver. Se lançant corps et âme dans un océan science-fictionnel (avec au scénario l’ennuyeux Pierre Bordage, sorte de caution intellectuelle), Vestiel livre une marmelade imbitable et hermétique, qui sous couvert d’exigence démontre surtout un total mépris à l’encontre du spectateur.

 

Le film débute avec un Clovis Cornillac couvert de boue, ignorant qui il est et ce qu’il fait là. Après s’être armé de patience pendant un petit quart d’heure, le spectateur devra se rendre à l’évidence et se rallier au questionnement du héros : lui non plus ne sait pas pourquoi il est venu s’empêtrer dans cette salle obscure en forme de piège gigantesque. Vestiel joue la carte du mystère opaque : ne voulant livrer aucune réponse, il en oublie même de poser les questions. Si bien que l’indifférence finit par l’emporter, le calvaire du personnage de Cornillac se révélant moins pénible que le nôtre.

 

S’il est sans doute le seul, le réalisateur sait ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Malgré tout, on sent émerger de ce projet une grande sincérité, une envie réelle de faire progresser le cinéma de genre dans un pays où les tentatives de se distinguer sont trop peu nombreuses. Malheureusement, Vestiel confond ambition et prétention, semblant se réjouir d’avoir pondu un film totalement abscons, qui ne devient compréhensible que dans les cinq dernières minutes. Là, les quelques survivants subiront une morale politico-écologique d’un manichéisme assez hilarant. La poignée de fans du film cite pêle-même Kubrick, The fountain, George Lucas. Dans un quart de siècle, ils eront peut-être pour des avant-gardistes ; pour le moment, on peut juste leur recommander de prendre un peu de repos.

 

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