Kali : critique pas quali sur Amazon

Sleep hard with a vengeance

Venu de la publicité et du clip musical, le réalisateur Julien Seri est parmi ceux qui ont tenté, au milieu des années 2000, de populariser un cinéma d’action français faisant la part belle au fameux parkour, discipline sportive fondée par David Belle et sublimée par Michael Scott. Crédité comme scénariste sur Yamakasi, il a réalisé sa suite spirituelle Les Fils du vent, avant de former Clovis Cornillac au free-fight (?) dans Scorpion. Bien que la plupart de ces films aient vieilli comme du mauvais lait, il a depuis fait un bout de chemin, aussi bien à la télévision qu’au cinéma.

L’artisan chevronné ayant roulé sa bosse dans le domaine de l’action, on pouvait attendre de Kali une bonne vieille série B aussi humble que musclée. Et ça tombe bien, c’est exactement ce qu’elle laissait présager, avec son pitch de revenge movie expédié quasi-intégralement en une séance de psy. Lisa est une vétéran hyper balèze dont le fils décédé vient d’être ret par son père, victime d’un règlement de comptes à Rio de Janeiro. Ni une, ni deux, elle s’envole vers le brésil avec la ferme intention de découvrir la vérité sur ce meurtre, puis évidemment de dessouder les responsables, puisque la justice, c’est trop de paperasse à remplir.

En attendant que ça se castagne, on excuse donc cette avalanche de lieux communs narratifs et artistiques, renvoyant pour certains directement aux heures les plus sombres des années 2000, tel ce flash-back en noir et blanc cramé pré-climax, cliché que même les prod’ Europacorp les plus laides utilisaient avec parcimonie. Les dialogues sont atrocement génériques, de même que la bande originale pseudo-zimmerienne (signée Sacha Chaban, avec qui Seri avait déjà collaboré sur le franco-belgo-américain Darkness Falls), les acteurs n’ont rien à jouer et le scénario est à peine plus surprenant qu’une notice d’épluche-légumes. Pas bien grave : on n’est pas là pour ça. On est là pour voir Sabrina Ouazani, qui avait déjà bandé les muscles dans Kung-Fu Zohra, recadrer du contrefaiseur par paquets de 15.

Kung-Fu zéro

Bien entendu, on se berçait d’illusions. Très vite, il apparait que le « Kali » du titre fait plus référence à la divinité qu’à l’art martial associé et que la menace du premier méchant dont notre anti-héroïne croise la route tient en réalité de la fausse promesse. Outre ce micro-apéritif, le film fonctionne sur un principe à la Taken : Lisa retrouve un sous-fifre quelconque, le torture jusqu’à ce qu’il lâche le 06 de son successeur… et on recommence. Avec quelques petites variations dans la dernière partie (les enfants, c’est non !), qui ne donnent pas particulièrement le change pour autant.

Il faut attendre une bonne heure pour assister à une fusillade digne de ce nom, ou tout du moins étalée sur plus de quelques secondes. A vrai dire, seul le climax prétend injecter une dose conséquente d’action au récit. Dommage qu’il soit aussi fade, et ce jusqu’à un affrontement final… terminé en trois coups. Décidément, quand ça veut pas…

Kali se conforme en fait au cahier des charges habituel, avec un accent particulier mis sur les valeurs familiales, réassénées dans un épilogue qui en devient risible de niaiserie. Et comme dans une neesonerie lambda donc, il joue la montre, persuadé que l’air renfrogné de sa vedette et quelques répliques sèches le feront er pour un actionner hardboiled sans l’obliger à chorégraphier des bastons. Tout juste peut-on remarquer une violence plus prononcée qu’à l’accoutumée (une scène de torture absurde semble piocher dans le septième Saw). Rien qui l’empêchera de rappeler les pires productions Besson… du milieu années 2000, ou plutôt les redre dans les tréfonds de l’oubli.

Kali est disponible depuis le 31 mai sur Amazon Prime Video.